Une dure nuit d'été

Replonger dans les années 2000, et dans les nuits d'été turques à la recherche de la vérité, et d'un apprentissage pour le présent.

Aftersun est un retour dans les derniers souvenirs d'une fille pour son père. Le métrage va alors s'articuler entre des vidéos prises d'une caméra de l'époque, vidéos présentant une vision positive des vacances, et des souvenirs venant nuancés ces images. Durant les premières minutes, les souvenirs ne sont pas clairs. L'essentiel de la première partie du film est basé sur un jeu entre le premier et l'arrière plan, accompagné d'un jeu avec le focus comme s'il y avait une distance entre le père et la fille. Plus les minutes passent, plus les deux se rapprochent et donc plus Sophie touche la vérité. Cependant, il faut quelque fois forcé sa mémoire comme le souligne certaines séquences – par exemple celle où Calum raconte le jour de son 11ème anniversaire ou lorsque Sophie parle de dépression – où les éléments de réponses ne sont pas filmés frontalement mais au travers de reflets. En ne tenant compte que des vidéos et des souvenirs, nous n'obtenons pas tous ces éléments. Intervient alors des séquences étranges se déroulant dans une boite de nuit. Dans cette unité de lieu nous y retrouvons Sophie adulte autour de gens qui dansent. Cette boite de nuit est la représentation de l'esprit de Sophie en train de se souvenir de son père. Au début c'est flou et les flash lumineux nous aveuglent. Plus tard, cela devient un peu plus clair jusqu'à ce que la femme trouve ce qu'elle cherchait au milieu de la foule : son père. Celui-ci porte un t-shirt à rayure et danse. Ce n'est pas anodin qu'il porte ça et qu'il fasse ça car ce sont les deux derniers souvenirs qu'elle a de lui. Dans le dernier plan du métrage Calum arrête de filmer puis se dirige au fond du champ jusqu'à une porte menant à cette boite de nuit. Celui-ci s'enfonce dans le monde imaginaire crée par sa fille et y restera à jamais.

C'est alors par ces biais que Sophie en connaîtra davantage sur son père mais aussi sur la dure tâche d'un parent à tenir la tête haute face à son enfant malgré la tristesse. Le spectateur aussi en apprendra davantage en étant actif, en cherchant les informations et en collants les morceaux au court du film. Nous savons ainsi que Calum n'est pas bien mentalement. Il souffre de dépression et il tente de soigner son mal par le tai chi et le yoga. Il essaie de passer du bon moment avec Sophie mais il n'arrive pas à la satisfaire complètement car il lui refuse des activités. Elle pensera qu'il est fauché alors qu'en fait s'il lui refuse c'est parce qu'il n'a pas la tête à faire ça. Nous voyions le vrai Calum seulement lorsqu'il est seul. Le soir où il laisse Sophie traîner seul, il partira sur la plage et s'enfoncer au loin dans l'obscurité pour montrer qu'il est au fond du gouffre. Néanmoins, le moment dur est le jour de son anniversaire. Tout le monde le lui souhaite dans un plan où tout semble aller pour le mieux, toutefois, c'est tout de suite désamorcé par un fondu enchaîné sur lui assis sur son lit en train de pleurer. D'un plan en contre plongée sur le haut d'une falaise, il finit dans un plan sur son dos tordu de douleur.

En parallèle du combat intérieur de Calum, Sophie va grandir. Au début elle va avoir un rôle d'observatrice en regardant ce que font les adolescents et en écoutant leurs discussions. Elle sera aussi dorloté par son père, celui-ci s'occupant d'elle en la couchant ou en lui mettant de la crème solaire. Le soir où elle voguera seule, le rapport s'inverse. A l'image des adolescents elle embrassera un garçon. Puis, ce sera elle qui restera tard le soir. Ensuite, elle couchera son père dans un plan identique à celui de leur arrivée à l'hôtel. Enfin, c'est elle qui s'occupera de lui en lui mettant de la terre sur le corps. Sophie arrive en tant qu'enfant dans cet hôtel et elle en sortira en tant qu'adulte.

En ressort du visionnage d'Aftersun un sentiment de nostalgie amer comme lorsque nous passons une excellente journée et que quand nous rentrons chez nous tout ce bonheur disparaît au profit d'une profonde tristesse. Si ce sentiment nous envahit, cela veut simplement dire que le film a réussit dans ses intentions et qu'il a cerné à la perfection les lourds sujets qu'il traite.