L'art de la vitalité
Cinq ans après Mon Roi, Maïwenn retrouve le chemin de la réalisation avec ADN. Un drame intimiste, sobre et très personnel, qui questionne le deuil et la quête des origines dans la France...
Par
le 21 sept. 2020
18 j'aime
Avec son nouveau film, après « Mon Roi » et « Polisse », Maïwenn retourne aux fondamentaux de se filmographie, en l’occurrence l’introspection intime, familiale et en partie autobiographique. Un film plus personnel donc à l’instar de son premier film coup de poing « Pardonnez-moi ». Si l’on n’est pas fan de l’actrice-réalisatrice et de ses préoccupations artistiques et analytiques, il est fort probable que cet « ADN » agace. On y retrouve en effet tous les défauts que ses détracteurs peuvent lui reprocher. Et surtout deux d’entre eux. D’abord cette tendance quelque peu égocentrique à se regarder le nombril avec une histoire très personnelle dans laquelle elle se met également en scène en plus de l’avoir écrite. C’est du 100% Maïwenn. Ensuite cette fâcheuse tendance à la pleurnicherie, à verser dans un pathos excessif qui ne convainc pas toujours. De plus sur ce film en particulier, à se filmer elle-même en tant que personnage principal, elle en oublie parfois certains seconds rôles (Marine Vacth et son personnage de sœur est sacrifié ou même Dylan Robert, abandonné en cours de route). Enfin, son script semble un peu mince et le propos pas vraiment abouti et clair.
Mais, et c’est là la force de la réalisatrice, elle parvient tout de même à rendre son film choral intéressant, presque passionnant. Il a les qualités de ses défauts parfois si l’on peut dire. Peut-être qu’elle n’approfondit pas assez sa thématique sur la recherche des origines, qui part un peu dans tous les sens, mais le film est court et concis. Ce décès du patriarche de la famille qui en fait ressortir les dysfonctionnements et provoque une introspection personnelle pour le personnage de Neige (joué par Maïwenn donc) semble classique. Néanmoins la cinéaste emmène son sujet dans son style et se l’approprie à sa manière, ce qui permet pas mal de fulgurances émotionnelles et artistiques malgré le trop-plein qui guette constamment. Sa mise en scène est moderne et adaptée à chaque situation et elle n’a pas son pareil pour savoir capter des instants d’un réalisme psychologique et émotionnel intense, jusque dans les dialogues parfaitement écrits.
Bizarrement c’est lorsque l’émotion n’est pas forcée et provoquée qu’elle nous touche le plus. Par exemple, les scènes en rapport avec le décès et l’enterrement, censées faire pleurer, sont beaucoup moins fortes que d’autres. En effet, celles de confrontation entre Maïwenn et ses parents, Fanny Ardant et Alain Francon, sont d’une puissance rare, une puissance qui vous retourne les tripes par leur dureté et leur véracité. « ADN » surprend aussi là où on ne l’attend pas. Notamment grâce au personnage de Louis Garrell, impeccable, qui distille une dose d’humour bienvenue, de la légèreté qui apporte une soupape d’air à un sujet lourd. Au final, on est absorbé par les atermoiements et les questionnements de cette famille et ce que cela provoque. Il y a des maladresses, des fautes de goûts, des déséquilibres et des imperfections mais la force de la plupart des séquences comme prises sur le vif, des acteurs tous très bien dirigés et certains élans dramatiques emportent le morceau, faisant de ce film une œuvre attachante et touchante malgré tout. Pas le meilleur film de sa réalisatrice mais une œuvre forte quand même, empreinte de réflexion, au dénouement solaire.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
Créée
le 16 janv. 2021
Critique lue 803 fois
3 j'aime
D'autres avis sur ADN
Cinq ans après Mon Roi, Maïwenn retrouve le chemin de la réalisation avec ADN. Un drame intimiste, sobre et très personnel, qui questionne le deuil et la quête des origines dans la France...
Par
le 21 sept. 2020
18 j'aime
Maïwenn pratique l'auto-fiction depuis ses débuts mais y insère des éléments de fiction, comme certains écrivains, plus ou moins imbuvables d'ailleurs (Angot). Son sujet de prédilection, c'est la...
le 28 oct. 2020
16 j'aime
ADN : Emir est un grand-père qui a connu la guerre d'Algérie, et autour duquel toute la famille trouve du réconfort. Lors de son décès, le ciment familial s'effrite, et le choc déclenche chez Neige...
Par
le 11 janv. 2021
15 j'aime
Du même critique
Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...
Par
le 15 nov. 2018
93 j'aime
10
Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...
Par
le 27 oct. 2022
88 j'aime
11
On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...
Par
le 18 oct. 2018
81 j'aime
11