Mangez Des pommes

Au tout début il n' y avait rien, puis dieu créa la terre, l'homme, la femme et enfin le cinéma bis italien pour rendre hommage à son œuvre divine. Adama ed Eva La Prima Storia d'amore de Enzo Doria et Luigi Russo est une relecture de la genèse revisité à la sauce transalpine, un film qui combine quelques vagues éléments bibliques de base agrémentés comme souvent dans le cinéma d'exploitation italien de tout ce qui avait plus ou moins de succès à l'époque. Le résultat est donc un film hybride parfois réussi et parfois nul à s'en tenir les côtes, un film qui en dehors de quelques jolis choses éparses et quelques séquences digne des meilleurs nanars reste globalement aussi chiant qu'un cours de catéchisme un mercredi d'automne.

Retour donc au début de toutes choses lorsque dieu créa le monde et que le premier homme et la première femme habitaient en toute innocence le paradis. Mais voilà à cause d'une foutue pomme et d'un serpent à sornettes, Eve croque la pomme condamnant le couple à partir vivre dans une série B italienne, ce qui à l'époque n'était pas de tout repos.

Adama ed Eva La Prima Storia d'Amore commence pas trop mal , on y voit la naissance d'Adam sortant d'une sorte de cocon visqueux rempli de viscères et qui ensuite se promène à poil dans des décors paradisiaques. Mais comme il s'emmerde un peu (et on le comprend) il va sculpter un corps de femme dans le sable, je ne sais pas comment il a eu les plans mais tout est là et bien proportionné. Puis lorsque la pluie s’abat sur la plage, la sculpture de sable s'efface doucement mais révèle en dessous le corps d'une jeune femme bien réelle. La séquence de la naissance d'Eve est une vraie réussite, c'est plutôt joli, presque poétique et l'on est content pour ce grand dadais d'Adam qui va pouvoir s'emmerder à deux dans des paysages de carte postale et dans un esprit qui lorgne du côté de productions tels que Le Lagon Bleu. Mais comme madame semble moins enclin à l'ennui que monsieur elle se lasse assez vite des couchers de soleil, des flamands roses, des perroquets et des papouilles à faire à des tigres trop dociles, du coup elle se taperait bien une pomme surtout qu'un serpent lui susurre les mérites du fruit défendu. Après avoir regarder un stock shot de lions qui s'enculent en se pinçant les lèvres de désirs, Eve finira donc par croquer la pomme et offrir sa croupe et son trognon à Adam qui ne se fera pas prier. Et là patatras c'est la catastrophe !! Dieu dans sa grande colère provoque un festival de stock shots de déluges et de volcans en éruption et nos deux pêcheurs sont chassés du paradis par une grosse boule de pierre en stop motion qui dévale derrière eux ce qui nous offre le premier instant nanar du film avec les deux comédiens qui court devant un écran dans un effet de transparence assez approximatif . Adam et Eve se retrouvent alors dans un paysage désolé et aride et vont rencontrer au fil de leur long exil divers créatures dangereuses tout en faisant l'apprentissage de la vie de couple avec scène de ménage, adultère et création d'une famille .

Lors de leur périple nos deux tourtereaux vont alors rencontrer des hommes préhistoriques (La Guerre du Feu est sorti deux ans auparavant), des sauvages peints en vert ou une tribu de cannibales rouquemoutes avec des tronches de gorets dans la grande tradition du cinéma bis italien (du moins pour les cannibales). Pas en reste niveau gaffes cette cruche de Eve, décidément conne à sucer des trognons, tentera de piquer un œuf de ptérodactyle ce qui nous vaudra une magnifique attaque d'oiseau préhistorique aux allures de vieux dindon inerte et déplumé que les acteurs secouent pour essayer de lui donner un semblant de vie. Au moins une fois l'oiseau vaincu, Eve pourra se fabriquer un superbe cache nichons à base d'ailes de volatile. Ensuite Adam et Eve vont s'engueuler pour une histoire de destination, lui veux rejoindre la mer et elle préfère bouder en haut d'un arbre. La belle sera alors capturer par une tribu de sauvage et tombera amoureuse d'un brun ténébreux à cheveux sales interprété par l'espagnol Angel Alcazar. On s'emmerde un peu dans le ventre mou du film mais le gros morceau de bravoure niveau nanar du film viendra nous réveiller d'un rire nerveux avec l'attaque d'un ours tout moisi avec un type engoncé dans un vieux costume miteux et tellement rigide qu'on est plus proche de la grâce gestuelle d'un robot recouvert de poil que d'un dangereux et féroce prédateur. Niveau casting on retrouve Mark Gregory (Les Guerriers de La Nuit -Tonnerre) dans le rôle du fadasse Adam et Andrea Goldman (Dont ce sera l'unique rôle) dans celui de la très blonde et très gourde Eve.

Adama ed Eva La Prima Storia d'Amore comporte deux trois jolis choses , beaucoup de vide et fort heureusement quelques séquences dignes d'un bon vieux nanar des familles pour sauver le film de l'oubli. C'est con comme une tarte aux pommes, mais au moins c'est parfois rigolo.

Ma Note Nanar : 05/10