Adaline sera proposé en exclusivité sur les plateformes VOD à partir du 22 mai et ce, selon la toute nouvelle formule e-cinema de TF1. Le film, qui réunit Blake Lively et Harrison Ford, met en scène l’amour, le temps et cette magie du cinéma par laquelle on ne vieillit jamais vraiment. Présentée comme une sorte de Benjamin Button féminine, Adaline est une comédie romantique avec sa touche d’originalité dans le traitement, qui joue habilement avec ses acteurs et ses révélations, tout en gardant le charme de l’éternité. L’histoire d’amour traverse en quelque sorte les décennies, mais sans véritable union définitive des protagonistes, voilà sa force. Il construit un cheminement étrangement révélateur de la magie du cinéma et du rêve d’éternelle jeunesse. Ce n’est pas un grand film, mais du cinéma qui s’exporte chez soi et qui a l’ampleur des grandes histoires d’amour. Le pari de TF1 est donc de proposer une comédie romantique fédératrice, traversant les décennies et ce, après un lancement le 1er mai avec le thriller Son of a Gun. Le groupe offre donc un symbole d’éternité dès son lancement, belle idée.


Nous ne vieilliront pas ensemble


Adaline débute par une plongée, la caméra suit depuis le ciel un taxi sur un pont. A son bord, l’héroïne, Adaline/Jenny s’en va chercher de faux papiers. Qui est-elle ? Une jeune femme qui regagne son appartement et lance un vif « chéri, je suis rentrée » à l’attention de son chien. Une solitaire à laquelle Blake Lively offre sa beauté et sa fragilité. Adaline va nous être présentée fuyante pour commencer, toujours la même, jamais à la même époque. On se demande alors bien ce qui lui arrive. Elle traverse littéralement le temps. Le film démarre sur « le dernier chapitre de son histoire ». On la quittera presque comme on l’a rencontrée, à une petite variation près.
C’est une voix off qui raconte, sous la forme des actualités d’autrefois, l’extraordinaire histoire d’Adaline, la femme qui ne vieillit plus après un phénomène étrange qui a eu lieu lors d’un accident de voiture. Le cœur d’Adaline s’est arrêté puis est repartit avec, entre les deux, l’éternité au bout des doigts. Adaline possède donc ce dont tout être humain rêve au moins une fois dans sa vie : l’éternité et l’éternelle jeunesse. Problème, elle ne veut pas devenir un monstre de foire et elle est bien seule dans cette situation de jeunesse absolue. De plus, depuis toujours, toute histoire d’amour se solde par cette belle phrase « je veux vieillir à tes côtés, passer le restant de ma vie avec toi ». L’histoire d’amour, aussi belle soit-elle, est toujours présentée comme aillant une issue, un avenir, une fin. Les corps vont changer ensemble, traverser le temps. Si le processus s’arrête d’un côté, comment envisager d’aimer ? C’est là tout le problème d’Adaline, la comète. C’est en tout cas ainsi que le film le présente. Son passage de 107 ans sur la terre est résumé en une séance de trivial pursuit à laquelle elle a toutes les réponses. Si Adaline a tout son temps, elle ne vit pas, privée de son droit de vieillir, de pouvoir se dire « je dois agir, la vie est courte », elle flambe des décennies au rythme de ses fuites.


Mourir d’aimer


Son histoire d’amour, Adaline l’a vécu dans les années 60 dans la campagne anglaise auprès d’un charmant jeune homme que tous les spectateurs ont, eux aussi, vu vieillir : Harrison Ford. Le film a le talent de mettre au milieu du film cette confrontation du regard de la jeune actrice Blake Lively et du reconnu Harrison Ford. On comprend en un coup d’œil, tout ce qui a pu se jouer entre eux, mais surtout cette dimension du temps qui passe. Devenue un souvenir éclatant dans l’esprit de William (Harrison Ford donc), Adaline n’est plus qu’une prédiction qui ne se réalise pas, mais que l’on attend années après années. C’est donc avec Ellis, la descendance de William, qu’Adaline va enfin faire l’expérience du temps qui passe. Quelque chose de fort. En jouant sur les codes classiques de la rencontre amoureuse, entre humour, rejet et certitude, pour le spectateur, de voir réunies deux âmes sœurs, le film déplace constamment les enjeux de l’engagement amoureux, impossible pour une femme aujourd’hui plus jeune que sa propre fille. En expérimentant, sur pellicule, la force du cinéma qui est de rendre avant tout éternelles des icônes et des rencontres, le film s’en sort plutôt bien. La mise en scène prend le partie de garder éternellement dans son viseur Adaline alias Blake Lively et de tout construire autour d’elle. Il ne dit rien de plus que le rêve immense de trouver enfin la force de vieillir à deux, par un chemin différent de celui qui nous est habituellement servit.


Blake Lively assure ce rôle avec élégance, à l’aise dans toutes les époques et les tenues, avec ce quelque chose d’intemporel dans son visage, qui lui assure d’aimer intensément et d’en souffrir. Adaline est donc ne comédie romantique ample et parfois drôle, qui sait nous faire ressentir le temps et la force d’un sentiment pour lequel, enfin, tout est bouleversé, mais rentre dans l’ordre. Là où Stephen Hawking défiait la maladie et la mort par amour dans le biopic que lui consacrait Une Merveilleuse histoire du temps, Adaline rattrape le temps et, en s’en privant, se l’offre plus fortement. Née à la frontière entre deux années, un 1er janvier, elle sait qu’il lui faudra longtemps grandir au milieu de la célébration, par des mortels, du temps qui file plus vite qu’eux. Le soir du 31 décembre devient le jour, où l’on oublie, comme au cinéma, que le temps passe, mais qu’il n’est jamais trop tard.


http://www.cineseries-mag.fr/adaline-un-film-de-lee-toland-krieger-critique/

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le 30 avr. 2015

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eloch

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