Dans Ad Astra, le cinéaste James Gray aura eu deux excellentes idées... D'une part, contextualiser la solitude intérieure d'un homme à l'immensité spatio-temporelle de l'univers nous permet d'assister à la mise en image d'un joli paradoxe. D'autre part, choisir Brad Pitt comme acteur principal nous permet de prendre une nouvelle fois la mesure de son charisme et de son talent qui s'expriment même au travers d'une épaisse combinaison d'astronaute. Pour le reste, quelle platitude et quel ennui... Une extrême lenteur n'invite pas forcément à la réflexion, un cadre majestueux peut rapidement ressembler à une coquille vide...
Astronaute aguerri et reconnu par ses pairs, Roy Mc Bride est missionné pour entrer en contact avec son père, célèbre astronaute que l'on croyait à jamais disparu mais qui vivrait finalement en ermite aux confins de l'univers après une mission qu'il aurait lui-même sabordée... Pourquoi pas. L'entame du voyage est d'ailleurs prometteuse : des décors lunaires sobres et immersifs, une plongée anticipative dans un monde de demain tourné vers la conquête de l'univers, des problématiques crédibles liées à l'exploration spatiale. Mais après ?... On pensait que le talent de James Gray lui permettrait de se montrer plus inspiré au moment de "tuer le père". Cette thématique, très intéressante et centrale dans son film, n'est finalement traitée que de façon superficielle. Le mal-être du fils, son isolement et sa misanthropie nous sont imposés d'emblée, sans clef pour les comprendre, sans émotion pour attirer notre compassion, sans assez de psychologie pour amorcer la moindre réflexion. La réussite de sa mission lui permettra de sortir de sa torpeur existentielle, de vivre enfin pleinement... Elle confirmera seulement ce que nous préssentons de plus en plus à mesure que le film avance et que nous assistons passivement au plat cheminement d'un fils en quête de sens : il ne se passera rien de renversant ni d'émouvant. Sans doute sommes nous censés découvrir que le désarroi d'un fils peut trouver son origine dans les manquements d'un père... Contrairement à ce que la conquête spatiale peut nous apporter, ce message lancé par James Gray du tréfonds de l'univers ne ressemble malheureusement en rien à une prodigieuse découverte...

Jimbodo
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le 16 oct. 2021

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