La façon dont Across the Universe traite pêle-mêle des grands faits socioculturels de l’époque où les Beatles composaient et diffusaient leurs chansons, en les engluant dans une série de clips à la recherche esthétique aguicheuse, agace autant qu’elle appauvrit considérablement les textes du groupe anglais. Nous sommes face à une saturation visuelle permanente qui empêche la rêverie personnelle et contraint le groupe anglais iconique à occuper l’arrière-plan, tout à la fois omniprésent et invisible. Règnent une exubérance vulgaire incompatible avec la violence que vivent les personnages dans leur histoire, un empressement confondu avec de la vitalité qui rappelle les réalisations de Danny Boyle, notamment son catastrophique Yesterday (2019), lui aussi hommage aux Beatles.
Pour notre plus grande chance, les acteurs assurent le spectacle, notamment Evan Rachel Wood, et les chorégraphies s’avèrent bien mises en scène – ce n’est pas un hasard si la réalisatrice est spécialisée dans l’élaboration de comédies musicales et dans l’adaptation d’opéras classiques au théâtre. Il y a un véritable sens de l’espace et une maîtrise des mouvements de caméra, là où en revanche le temps souffre d’un bornage confus qui échoue à retranscrire la marche de l’Histoire, sinon avec une schématisation simpliste.