Abattoir 5
6.7
Abattoir 5

Film de George Roy Hill (1972)

Je suis allé ce soir regarder "Abattoir 5" à ce bon vieil Accattone. Ma critique sera biaisée : de fatigue, je me suis endormi pendant cinq bonnes minutes de ce film, et j'ai cru comprendre qu'il y avait un accident d'avion qui s'était passé entretemps, sans que la cause en soit évidente.

Le film repose sur le montage alterné : des séquences de la vie du héros, le lisse Pilgrim, se suivent dans un ordre qui peut sembler arbitraire, mais se révèle assez calculé. Les transitions sont soignées, avec parfois des surimpressions qui font par exemple passer d'un couloir d'hopital à un souterrain d'abri anti-bombardement. On se prend à reconstituer le puzzle, en replaçant sans trop de difficulté la trame de l'existence de Pilgrim. En revanche, le postulat qui veut que Pilgrim se déplace à sa guise dans sa vie par la pensée n'est pas exploité de manière très cohérente. Mais bon, on peut passer là-dessus.

Ce mouvement de va-et-vient perpétuel est prenant, mais peut un peu lasser. L'effet atteint est assez déroutant, mais pas inintéressant. On peut regretter le manque de profondeur des personnages, et un jeu d'acteurs un peu terne. La femme de Pilgrim, avec ses hurlements d'hyperactive, m'a même carrément indisposé, et j'étais plutôt soulagé qu'on ne la voit plus ensuite. C'est en revanche un plaisir de voir la sublime Valérie Perrine.

La fin est hautement psychédélique : le héros est transporté par un rayon de lumière sur une planète très éloignée de la terre, sous un dôme géodésique meublé à l'américaine, et devient le sujet d'observation de sortes de maîtres du temps.

C'est un film assez simple dans sa dénonciation de la guerre, et son héros non-interventionniste victime de brutes épaisses, qu'elles soient nazies ou américaines, énervera un peu notre époque cynique. Les scènes liées au bombardement de Dresde n'en sont pas moins bien filmées. Les décors sont soignés, même si le décor du dôme final a mal vieilli. Il y a quelques raffinements de mouvements de caméra au début du film, mais plus grand chose d'original ensuite.

Un film déroutant, pacifiste, qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, mais a le mérite d'exister. Même si la vision que j'en ai eue n'en était que partielle, je ne sais pas si je ferai l'effort de le revoir de sitôt, sinon pour bien bétonner ma culture SF.
zardoz6704
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le 13 avr. 2012

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