Inspiré de faits divers, A Touch of Sin raconte de façon plutôt distincte l'histoire de 4 protagonistes dont le destin bouscule.
Co-produit par Takeshi Kitano, on y retrouve la violence et la brutalité qui a fait la réputation du réalisateur japonais, cependant il s'agit du premier film de ce calibre pour Jia Zhang-Ke et pour cause il a, sans étonnement, été interdit dans les salles chinoises.
Alors que nous sommes habitués à des long-métrages composés d'un début, d'une complication, d'une résolution et d'une fin, ici ce code est brisé: il y a plus ou moins un début, une complication parfois déjà présente, une résolution pas toujours claire et une fin qui n'en est presque pas une.
Prix du meilleur scénario à Cannes derrière La Vie d'Adèle, A Touch of Sin aurait plutôt mérité d'être récompensé pour sa mise en scène et sa photographie, car son atout majeur est sans aucun doute son incroyable réalisme!
La caméra s'ancre dans une Chine déboussolée et pourrie, elle devient nos yeux et c'est comme si l'on s'y promenait nous-même.
Tous les plans ont l'allure de photographies léchées, sans pour autant tomber dans l'excès ou l'extravagance.
Jia Zhang-Ke trace alors avec cette sensibilité un portrait animalesque de la Chine.
La présence d'animaux, qu'elle soit physique ou dans les dialogues, est récurrente et compare de façon métaphorique et critique la Chine à une espèce de savane ou de jungle où les bêtes s'entretuent, se bouffent et où la loi du plus fort prime, jusqu'à ce que ces 4 protagonistes décident de se battre par tous les moyens, de façon maladroite et sanglante, nous montrant jusqu'où ils sont capables d'aller pour ne pas se faire marcher dessus. C'est le combat des faibles contre les plus fort jusqu'à ce que la balance s'inverse. Ou pas.
Finalement, le point faible de A Touch of Sin réside peut-être dans ses longueurs, mais il ne nous empêche pas d'apprécier et d'en ressortir satisfaits.
Alors qu'aux yeux du grand public le cinéma chinois ne se limite très souvent qu'à des films d'arts martiaux, A Touch of Sin nous apporte un regard différent et permet d'élargir notre vision du cinéma chinois.