À Perdre La Raison est un bon film. Un drame bien mené, librement inspiré d'un fait divers sur le quintuple infanticide en Belgique de Geneviève Lhermitte et qui nous donne un certain malaise réussi tout au long du métrage. Un jeune couple amoureux vit sous la dépendance d’un docteur. Peu à peu, les tensions naissent et le couple finit par se déchirer. On nous raconte le lent délitement d’une famille, intense de bout en bout. Présenté dans la sélection Un certain regard au 65ème Festival De Cannes en 2012 où il remportera le Prix d’interprétation féminine pour Émilie Dequenne amplement mérité.
Le film incite le spectateur à réfléchir sur ce qu'on qualifie trop souvent d'inexplicable. Il est centré sur la descente aux enfers du personnage principal Murielle interprété par Émilie Dequenne, qui devient peu à peu le souffre-douleur et l'esclave de la maison. Le film prend le parti de son héroïne sans occulter ses faiblesses. Il nous immerge dans une cellule familiale à la dérive, lentement empoisonnée par une confusion et une promiscuité entretenues par le docteur, figure particulièrement réussie du bienfaiteur toxique, avec la complicité passive d'un jeune couple inexpérimenté. Corps enchevêtrés, plans serrés et entachés d'ombres, couleurs à l'unisson tirant vers le gris grâce à une mise en scène sobre et stylisée, ce film, au bord du thriller psychologique, émeut et oppresse du début à la fin mémorable.
La musique baroque et classique qui accompagne le métrage est parfaite car elle nous embarque au-delà de la psychologie. A noter également un passage dur avec la musique de Julien Clerc et son titre Femmes je vous aime.
Le réalisateur Joachim Fosse signe ici son 5ème long métrage avec une bonne réussite, bien aimé sa réalisation qui nous plonge directement dans l’effroi dans son introduction extra mais difficile puis ensuite dans le doute de ce couple car oui c’est un film à l’envers mais maîtrisé. Solaire puis hagarde, Émilie Dequenne impressionne par les multiples nuances de son jeu, face aux excellents Tahar Rahim et Niels Arestrup.
Un film qui réussit le pari de nous faire perdre la raison au sein de ce couple.
Ma note : 7/10 !

Black-Night
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le 4 mars 2016

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