Et si l'un des meilleurs films de ce début d'année n'était pas sorti au cinéma, ni en vidéo ? Présenté à la Berlinale et à Cabourg (avec Grand Prix à l'appui) l'an dernier, A l'abordage a vu sa sortie en salles repoussée et au final il a été diffusé le 28 mai sur Arte, avant une petite sortie cinéma quelques mois plus tard.

Le film de Guillaume Brac se présente comme une comédie de vacances assez simple. Trois gars (deux qui se connaissent, un inconnu) partent pour un camping en covoiturage. Une fois sur place, l'un d'entre eux va voir une fille avec qui il était en relation à Paris, mais cela ne se passe pas comme prévu et c'est pareil pour les deux autres zigotos. A partir de ce point de départ pas loin de faire penser aux Camping (Fabien Onteniente, 2006-2016) et autre Camping paradis (2006-), Brac réussit son étude de personnages avec une simplicité à faire peur. Ici, pas de punchlines que l'on retient plus pour leur ridicule que pour leur pertinence (personne ne débarquera en slip pour demander si on ne l'attend pas pour l'apéro), ni de bons sentiments un brin dégoulinants.

Le film joue sur le film de potes ou plutôt le film de potes en devenir, puisque Edouard aka Chaton apprend à connaître petit à petit Félix et Chérif et ils deviennent copains. Chacun a une personnalité intéressante. Félix pensait faire une surprise en amoureux transi. Il va se prendre une claque, en plus de découvrir qu'il est très jaloux. Chérif est le plus conciliant des deux et se retrouve dans la position du potentiel amant dans la tente, en plus du babysitter improbable. Quant à Chaton, il réussit à bousiller la dites voiture, l'amenant à une situation qui risque de le changer durablement. Trois cas différents mais tous intéressants et attachants. D'autant que le trio Éric Nantchouang / Salif Cissé / Édouard Sulpice est d'un naturel incroyable et suscite tout de suite l'adhésion.

A eux se rajoutent également les filles qui sont également très différentes. Il y a la fameuse élu du cœur de Félix ne sachant pas vraiment ce qu'elle veut (Asma Messaoudene) ; sa sœur (Lucie Gallo) qui est beaucoup plus respectueuse et voit bien que la situation ne pourra qu'empirer si la fameuse Alma n'est pas plus conciliante ; et la mère de famille (Ana Blagojevic) qui voit bien que son couple est en train de partir en cacahuètes avec un mari jamais là (le rapprochement avec Chérif n'a rien d'anodin). Là encore, Brac ne fait pas des personnages idéalisés. Ils ont tous des défauts et ce sont ces derniers qui les rend au final humains.

A l'abordage se suit sans déplaisir et pourtant il ne s'y passe pas non plus énormément de choses. C'est cette simplicité qui fait tout le charme du film, comme un voyage de vacances avec ses aléas, mais également ses très bonnes choses. Avec les amis, les amours (forcément compliqués), les emmerdes et même les karaokés. La scène en question est incroyable, car elle permet à un personnage de s'émanciper et d'oublier enfin ses problèmes, mais aussi à un couple de réellement se former.

A l'abordage est donc le parfait film pour débuter l'été sous de bons augures.

    Borat8
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    le 9 sept. 2022

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    Borat 8

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