Ce qui arrive à Tom est une situation dans laquelle chacun peut reconnaître ses propres peurs : la violence et la mort débarquent au milieu de la petite vie bien réglée, bien honnête et surtout heureuse de sa petite famille. L'intrusion dans le cocon qu'ils croyaient sûr, la peur pour leurs enfants (qui se transforme en haine pour ceux qui les menacent : Maria Bello fait ça très bien), la présence d'intrus qui semblent en savoir plus qu'eux... Tout cela réveille nos propres angoisses.
En y ajoutant l'incertitude qui nous fait douter une bonne partie du film, on obtient une pression qui monte, qui monte... et qui explose au moment où on a la réponse à la question de l'identité de Tom. A partir de là, la violence n'est plus seulement une question de survie.

Les images brutales et sanglantes du film paraissent presque grotesques tant elles sont crues : le bruitage de la nuque qui craque, l'hémoglobine qui gicle... On ne se sent pas révulsé par cette violence, on y adhère presque. Après tout, le héros lutte pour sauver les siens. C'est là je suppose qu'on peut commencer à se poser des questions.

La violence est observée à plusieurs niveaux, principalement la violence complètement gratuite des deux voyous du début qui tuent des innocents pour quelques dollars ou des truands qui tuent presque par habitude ; et la violence qui nous dérange plus parce qu'on a envie de la justifier : Tom, en tuant deux hommes, devient carrément un héros. Son fils, souvent emmerdé par un petit caïd de son lycée et à qui il répond d'habitude par l'indifférence et l'ironie, laisse soudain exploser ses pulsions et se jette littéralement sur lui. Et là, on se rend compte que nous aussi, on avait envie de lui donner deux baffes à ce petit con... De même, la femme de Tom devient extrêmement violente dans ses propos lorsqu'on touche à sa famille. Et elle découvre une facette sombre et animale de sa personnalité lors de la scène de sexe dans l'escalier, où elle et Tom se battent et font l'amour de manière sauvage, brutale. Voilà l'histoire de cette violence : innée, instinctive et qui existe en chacun de nous.

La fin est laissée au spectateur, je pense. Pour moi, elle est vraiment synonyme d'espoir et surtout de pardon.

Scarlett
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes DVDthèque, Fesses, Les meilleurs films des années 2000, Les meilleurs films de 2005 et Top 2000-2015

Créée

le 18 oct. 2010

Critique lue 2.4K fois

45 j'aime

1 commentaire

Scarlett

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

45
1

D'autres avis sur A History of Violence

A History of Violence
Sergent_Pepper
7

Le coup dans l’escalier.

On sait l’acuité avec laquelle Cronenberg scrute les monstres tapis en nous, et le fait de s’attaquer à la cellule américaine la plus banale a évidemment quelque chose de tout à fait jouissif. Alors...

le 8 févr. 2016

78 j'aime

4

A History of Violence
Vincent-Ruozzi
8

L'ombre du passé

Au début des années 2000, David Cronenberg est surtout connu pour ses films de science-fiction, d'horreur et de fantastique comme La Mouche ou Dead Zone. Avec A History of Violence, adaptation d'un...

le 9 avr. 2018

55 j'aime

8

A History of Violence
Scarlett
8

Critique de A History of Violence par Scarlett

Ce qui arrive à Tom est une situation dans laquelle chacun peut reconnaître ses propres peurs : la violence et la mort débarquent au milieu de la petite vie bien réglée, bien honnête et surtout...

le 18 oct. 2010

45 j'aime

1

Du même critique

Le Seigneur des anneaux - Intégrale
Scarlett
3

Critique de Le Seigneur des anneaux - Intégrale par Scarlett

Je ne dénigre pas l'immense travail de Tolkien ni son imagination débordante, mais c'est un roman que je voulais lire, pas un guide touristique, ni un arbre généalogique, et encore moins une...

le 3 nov. 2010

44 j'aime

16

Le Portrait de Dorian Gray
Scarlett
8

Critique de Le Portrait de Dorian Gray par Scarlett

L'émotion de la première lecture passée, Oscar Wilde a tendance à m'agacer à placer ses petits aphorismes partout et à n'importe quelle occasion. Lord Henry pourrait à lui seul remplir un...

le 22 oct. 2010

34 j'aime

1

Sa Majesté des Mouches
Scarlett
8

Critique de Sa Majesté des Mouches par Scarlett

Au postulat que les enfants sont innocents et que le mal vient définitivement des adultes, William Golding répond cet ouvrage. Sur une île déserte au milieu de l'océan s'écrase un avion rempli de...

le 3 nov. 2010

29 j'aime