Une simple histoire de fantôme profondément humaine qui nous propose un voyage cosmique hors du temp

Il faut se préparer à ne pas ressortir indemne du visionnage d’A Ghost Story, car il atteint un niveau de beauté cinématographique difficilement égalable.
L’histoire est très simple : Un couple est séparé par le décès du jeune homme (Casey Affleck) après un accident de voiture. Cependant, son âme revient à la vie sous la forme d’un fantôme, portant un drap blanc, tandis que la jeune femme (Rooney Mara) tente de poursuivre sa vie.
Mais c’est dans l’épuration de tous ses éléments de narration que ce drame fantastique parvient à nous toucher, par son universalité. Un couple, une maison, l’amour, la vie, puis la mort, le temps qui passe.


Nous vivons alors l’expérience temporelle d’un fantôme oublié qui ne perd pas l’espoir de rester dans la mémoire de quelqu’un. On considère la perte, la solitude, et l’amour infini comme si on les connaissait déjà. Des portes s’ouvrent, d’autre se ferment. Le présent devient tout ce qui compte. Avalé par le passé, et, le futur arrivant pour l’engloutir aussi, l’expérience du temps doit être pleinement acceptée. De la même manière que Interstellar de Christopher Nolan, les personnages bloqués dans un espace-temps différent, reviennent pour communiquer, pour ne pas être oublié, en interagissant avec des objets du monde réel.


Peu à peu, une empreinte mystérieuse et personnelle se crée en nous, les frissons nous traversent le corps. Le leitmotiv de la musique principale sonne comme un réveil qui nous rappelle toute l’importance d’aimer et d’être en vie. Les sons du film, renforcent par leur spatialisation atmosphérique, l’exploration cosmique. Nos yeux se régalent : la beauté des humains, la lumière nostalgique qui traverse la maison poussiéreuse, la nature qui l’entoure, et même un drap avec deux petits trous sont fascinant. Ce costume d’une puissante légèreté fantastique, parvient à incarner somptueusement des instants possibles de la mort.


A Ghost Story rappelle l’importance de la création. Mais aussi du partage, de la communication, des sentiments, de la vie, et des images que l’on garde. Ce film de fantôme profondément humain inspire et nous donne envie aussi, d’inscrire des images dans un cadre, le temps d’un film.


“Nous construisons notre héritage, pièce par pièce, et peut-être que le monde entier se souviendra de vous, ou peut-être quelques personnes, mais vous faites ce que vous pouvez pour vous assurer que vous êtes toujours là après votre départ.”


Critique de Théo Lambros pour Le Crible :
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Psukhe
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le 2 mars 2020

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