1904 à Vienne : une calèche s'arrête devant une élégante clinique, à l'intérieur de la voiture une jeune femme visage déformé, écumant et criant de rage se débat comme une forcenée tandis que le personnel tente de la maîtriser pour la faire entrer dans l'établissement.
Sabina Spielrein, jeune russe diagnostiquée hystérique est donc confiée aux soins de Carl Jung, psychiatre trentenaire qui va expérimenter sur la patiente les procédés de son maître Sigmund Freud, inventeur d'un traitement connu sous le nom de psychanalyse.
Adapté d'une pièce de théâtre The Talking Cure, Christopher Hampton lui-même scénariste du film s'est inspiré de faits réels pour cette réalisation en costumes, classique et soignée, une première dans l'univers de Cronenberg, où l'on cherchera en vain, hormis l'hystérie des premiers plans, la violence qu'on a pu connaître dans les films précédents du cinéaste.
Trois personnages qui contribuent à créer cette atmosphère ambiguë où le feu du désir couve sous le quotidien dicté par la raison : Keira Knightley est saisissante en pantin disloqué et grimaçante, traumatisée par l'humiliation subie enfant par un père tout puissant, qui a déterminé chez elle des tendances sexuelles sado-masochistes qu'elle ne contrôle plus.
On assiste donc à une grandiose séance de psychanalyse, tour à tour difficile et troublante, libératrice et excitante, le grand intérêt du film selon moi étant de montrer que les soignants sont tout aussi névrosés et faillibles que leurs patients, et si le thérapeute triomphe de la maladie, l'homme succombe à son attirance physique pour la jeune femme, une liaison charnelle nourrie des névroses et des troubles mentaux et sexuels révélés sous le sceau du secret, qui rendent la relation d'autant plus complexe et dangereuse.
Michael Fassbender, impeccable une fois de plus, prête ses traits à Carl Jung, et Viggo Mortensen barbu et goguenard compose un Freud impérial auquel il injecte une sérieuse dose d'humour.
"Derrière la caméra de Cronenberg, la psychanalyse devient un sujet aussi cruel que délicieux"
Aurea
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le 7 janv. 2012

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Aurea

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