Tranche de vie d’une famille tzigane anglaise comme il s’en constitue de plus en plus en Grande-Bretagne depuis maintenant plusieurs décennies, dans une sous-culture adaptée à une société engendrant exclusion, pauvreté et prix immobiliers inaccessibles.
Dans leur campement de caravanes, la tribu étalée sur 3 générations conserve sa culture nomade anti-gadjé, donc logiquement non tenue de respecter les règles sociales ou légales des sédentaires, sous la poigne de fer du grand-père, inspirée d’une version personnalisée du christianisme, et condamnant tous ceux qui s’en écarteraient. Homme doué en tout ce qu’il touche mais écrasé par la domination du patriarche, son fils rêve pourtant d’alphabétiser ses enfants, de sécuriser sa famille et de se ranger des cambriolages et autres troubles publics.
Cette aventure violente, vulgaire, sociale et familiale, menée par le brio habituel de Michael Fassbender, parvient à captiver malgré sa truffade d’invraisemblances et sa sociologie encore trop édulcorée destinée à respecter le politiquement correct du monde cinématographique. Il fait prendre conscience des culs-de sac de ceux qui souhaiteraient évoluer mais se retrouvent écrasés par l’étau du despotisme tribaliste d’un part, et d’autre part par l’omnipotence d’une société civile hermétique aux mœurs et même à la présence des bohémiens.