Le polar social est devenu un genre assez prolifique dans les productions UK. Une forme de cinéma très codifiée qui à tendance à se reposer sur ses acquis entre la restriction des liens familiaux qui vire dans le portrait du cas-social criminel, et un sur-esthétisme voué à se donner une posture pour généralement cacher un manque d'ambition certain. Trespass Against Us est une variation de plus de ce genre qui mise sur la facilité et qui peine de plus en plus à trouver un moyen de se justifier. Adam Smith, qui à débuté dans la télévision, signe ici son deuxième long métrage et peine à lui insuffler une quelconque force même si il tente de lui amener quelques pistes de réflexions pas inintéressantes.


On est face à l'histoire banale, et ici traité de manière un peu molle, du fils d'une bande de marginaux et de criminelles qui tente de s'émanciper des entraves de sa famille pour offrir un autre avenir à ses enfants. Le père qui refuse de prendre la place de roi qui lui est toute désigné pour que ces enfants puissent aspirer à quelque chose de meilleur. Cette peur du fatalisme social qui donne une vrai épaisseur au film, car plus que de s'intéresser à la criminalité en elle-même, il va tenter d'exposer un quotidien rongé par les préjugés et la discrimination. Dans l'Angleterre profonde, un marginal reste un marginal même si celui-ci tente de se racheter une conduite et veut bien faire, la population n'oublie pas et feront tout leur possible pour les laisser en marge de la société. En ça, le récit n'évite pas le manichéisme et manque cruellement de finesse quand il s'agit d'exposer la pression sur les épaules de ce père en quête de rédemption. Par moments on en vient à avoir du mal à y croire tellement le trait est forcé, que ce soit avec les autorités ou dans la relation du protagoniste avec son propre père. Véritable gourou voulant transmettre ses traditions et qui refuse qu'on lui tourne le dos, le personnage de Brendan Gleeson n'est pas des plus subtils et ne permet pas à l'acteur d'offrir une performance mémorable, ce dernier tombant allègrement dans le caricatural. Dans ces relations pères-fils, les personnages féminins ont du mal à exister comme le personnage de la mère qui ne sortira jamais du rôle de la femme aimante qui pousse le protagoniste à sortir de l'étreinte de son paternel.


Bourré de clichés et de développements déjà vus, Trespass Against Us peine à captiver malgré la présence d'un Michael Fassbender qui se donne complètement dans le rôle. Son charisme y est indéniable et par sa sobriété arrive à donner beaucoup d'épaisseur à ce personnage même si il n'est pas particulièrement aidé par l'écriture bancale de l'oeuvre. Il arrive quand même à nous faire y croire un tantinet même si il ne sort jamais le film de sa banalité. C'est au final la réalisation d'Adam Smith qui surprendra sur ce point. Évitant un esthétisme putassier et limitant les effets, il offre une approche naturaliste plutôt bien sentie. Même si le montage par moments trop abrupte tiens plus de l'amateurisme, la mise en scène à une âpreté bienvenue. Surtout pendant des scènes de courses-poursuites maîtrisées et efficaces qui viennent réveiller le spectateur à intervalle régulier. Adam Smith favorise un côté très réaliste avec son approche caméra à l'épaule, ce qui tend à donner un côté "sérieux" presque documentaire au film. Une approche classique dans le genre qui accentue son côté banal mais qui reste pour le moins efficace.


Trespass Against Us n'a que très peu de cartes en mains pour pouvoir emporter l'adhésion. Il faut dire que sans être mauvais, on est face à un film d'une banalité confondante qui à été vu et revu des dizaines de fois. Rien de neuf sous le soleil mis à part un interprète principal très en forme et une mise en scène qui sait faire preuve d'une sobriété efficace. Dommage que le scénario avec ses grosses ficelles et ses clichés à la pelle ne suivent pas, et qui par son manque de finesse étouffe les quelques bonnes réflexions du récit. Il n'y a donc pas grand chose à retenir de ce Trespass Against Us et on peut sans peine passer son chemin, il n'y a rien à voir.


Ma critique sur Cinephilia.fr

Créée

le 1 mars 2017

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