A Bout De Souffle, c’est avant tout un souvenir de lycée, celui d’un professeur de Français passionné par le cinéma et qui consacrait quelques heures de cours à la découverte du septième art. Même s’il avait un penchant pour Hitchcock (en tout bien tout honneur bien sûr), il nous fit découvrir d’autres horizons, dont celui de la Nouvelle Vague. Mais A Bout De Souffle, c’est aussi et surtout le souvenir d’un énorme enfumage, d’une fumisterie sans précédent dont il ne reste aujourd’hui que les souvenirs douloureux d’une torture cinématographique insupportable et d’avoir failli m’endormir en classe.

La Nouvelle Vague, intitulé bien prétentieux pour ce qui restera comme un énorme pétard mouillé, tellement mouillé qu’il n’était plus possible de le fumer et ça, quand on est lycéen, c’est terriblement frustrant. Jean-Luc Godard et ses complices avaient donc décidé que le cinéma français de Gabin, Ventura, Bourvil ou Fernandel était juste bon pour les bourgeois et ne permettait pas l’envol spirituel que méritait le peuple. Alors ils ont décidé de changer les codes, ou plutôt de ne plus en avoir. Du passé faisons table rase, exit la narration linéaire, out le jeu d’acteurs cohérent, au revoir la mise en scène coincée dans ses principes, aux ordures et avec le vieux, faisons du neuf !

Dans ce film on retrouve tout l’étendue de ce pétard mouillé car à l’époque, regarder le spectateur ou même lui parler ne se faisait pas. Alors Belmondo le regarde, le spectateur (quelle audace !), il lui parle même (non, pitié !) et en plus il lui dit d’aller se faire foutre (c’est trop, stoooop !). L’histoire est juste assommante, l’histoire de cette cavale sans queue ni tête est jalonnée de scènes interminables aux dialogues creux, inutiles et sans aucun enjeu narratif ou émotionnel. C’est dans l’indifférence générale que Jean Seberg débite son « C’est quoi dégueulasse ? » en fin de film, se touchant les lèvres du bout du doigt. Il paraît que tout bon cinéphile a un orgasme à ce moment-là et je bande mou, pourquoi ?! Pourquoi ne suis-je pas moi aussi touché par la grâce ? Je reconnais que Jean est très belle et qu’il y a en a surement plus d’un qui lui montrerait bien ce que c’est « dégueulasse », mais il n’y a rien d’autre que le néant dans cette réplique et dans cette scène.

Dans un précédent texte j’avais reconnu que ce film, s’il me laisse froid, a surement eu de l’importance dans l’histoire du cinéma. Mais non en fait, tous ses effets qui ont peut-être choqué le bon bourgeois à l’époque, laissent aujourd’hui de marbre et l’aspect révolutionnaire s’est totalement estompé. Ne reste qu’un Belmondo s’amusant à faire semblant de tirer comme un con avec son flingue au volant de sa voiture. C’est creux, sans intérêt, incroyablement prétentieux, je déteste cordialement ce film qui me laisse penser que sa moyenne est due en grande partie à des critiqueurs qui n’osent pas le noter comme ils le pensent de peur de recevoir des œufs pourris. Godard aurait pu être tellement meilleur s’il n’avait pas tenu à jouer les trublions et c’était juste consacré au fond plutôt qu’à proposer des formes novatrices.

Je n’en veux pas à M. Tissier, ce formidable professeur de Français, par ce film il a involontairement développé mon esprit critique. J’ai appris à ne pas me laisser influencer et à me forger mon opinion par le plaisir que j’ai pris à voir une œuvre et dans A Bout De Souffle je n’ai trouvé aucun plaisir, mais juste découvert que j’avais une option commune avec mon smarthpone, la possibilité de me mettre en veille au bout de quinze seconde et ça, quand on a des troubles du sommeil, c’est une bénédiction, alors merci Jean-Luc, rien que pour ça merci !
Jambalaya
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le 23 août 2011

Modifiée

le 16 janv. 2014

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Jambalaya

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