Lynne Ramsay dessine une fin de compétition cannoise étonnante avec You were never really here, polar inspiré qui laisse un goût d’inachevé malgré la prestation habitée de Joaquin Phœnix.


“C’est quoi cette connerie à la télé ? – Psychose.”. Cet échange plein d’humour entre Joe et sa mère suggère d’entrée les bribes d’une enfance dysfonctionnelle. Lynne Ramsay renforce d’ailleurs nos premières impressions avec de brefs flashbacks, presque subliminaux, du passé de Joe. Une technique de narration déjà utilisée par la cinéaste sur le fascinant We need to talk about Kevin, où le passé et le présent coexistaient en parallèle pour créer une insoutenable tension sur le final. La différence est qu’ici, le passé de Joe n’est que furtif, comme composé des demons d’une enfance sacrifiée et d’une vie adulte fébrile.


C’en deviendrait presque lassant : Joaquin Phœnix atomise évidemment l’écran dans ce rôle d’homme de main torturé en recherche vaine d’une forme de redemption par la violence. Dans sa démarche, une quête justicière pour réparer, peut-être, d’autres enfances meurtries. L’obsession est filmée comme un Taxi Driver plus névrotique que psychotique : des rues scorsesiennes à la clarté hantée, l’habitacle presque claustrophobique du véhicule refuge.


Et puis, un final choc, mais étrangement abrupt, frustrant : l’œuvre était si intéressante qu’on aurait voulu comprendre, explorer. Comme celle de Joe, notre quête de sens semble bien vaine.

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le 26 mai 2017

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