300 raisons de ne pas aimer ( à peu de choses près... )

Ce film s'inspire directement d'un comic de Frank Miller, qui s'inspire lui même vaguement de la bataille des Thermopyles, anecdote badass des guerres médiques illustrant le sens du sacrifice et du courage des troupes restées en arrière pour protéger leurs alliés pendant leur retraite, bloquant ainsi pendant un jour le défilé qui était le seul passage pour l'armée perse. Ça, c'est la version historique.
Pour des raisons de symbolique assez logiques, Miller plaça les Spartiates en principaux protagonistes, seuls boucliers de leur patrie et de leurs familles face aux forces ennemies bien supérieures en nombre, blabla... Le comic se défendait, notamment grâce à la narration de l'auteur qui a toujours réussi à faire passer un peu n'importe quoi par son indéniable talent. Evidemment, mieux valait ne pas trop s'appesantir sur la signification qu'il donnait à l'antagonisme en question, c'est à dire l'opposition entre la belle et libre civilisation améric...euh occidentale, et les sombres hordes régressives des métèques pas propres dans ces affreux pays tout là-bas, qui ne savent pas fabriquer de micro ( sic ) et utilisent la technologie aériennes des occidentaux pour détruire des tours ( double-sic ). Une adaptation du comic aurait donc à jouer avec cet aspect, entre l'absolu un peu borné mais plein de majesté, et le propos carrément craignos digne du type qui n'a jamais mis les pieds hors de son bled perdu dans le trou du cul du Kansas, Amérique tarte aux pommes staïle.
Aussi, quand le projet tomba dans l'escarcelle de Zack Snyder, encore inconnu, rien n'était joué. Les oiseaux retinrent leur chants, les arbres cessèrent un instant de répondre à la brise du vent, les néonazis laissèrent leur batte de base-ball en l'air, indécise, la déesse du bon goût espéra que peut-être, ce soir, elle n'aurait pas droit à un nouveau viol sauvage.
Or, Zackie ( je suis sûr qu'il me permettrait ) s'avéra posséder à peu près autant de recul à propos de son oeuvre que Gérard Depardieu lui-même. Ainsi que cela se vérifia dans ses films suivant, adaptation signifie chez lui suivre à la lettre, sans approfondissement, les grandes lignes de ce qu'il y a marqué dans le bouquin, en rajoutant une esthétique mi-clip mi-publicité, pas moche, mais aussi personnelle et belle que du papier peint beige. En prenant toujours soin de prendre des sujets "cools",dont lui-même est apparemment un grand fan, Snyder s'est bâtie une jolie réputation un rien surestimée de joyeux tâcheron un peu prétentieux, mais sans cynisme, servant de la bouffe industrielle dont le principal atout est d'être bien emballée. Ce manque de prise de position dans l'adaptation montra toute sa faiblesse dans le propos de 300, qui, bêtement mis en image, montra clairement aussi bien la stupidité du scénario que le côté nauséabond de ses partis pris.
Néanmoins, le film connut un succès certain, gagnant les jeunes spectateurs à sa cause grâce à catchphrases bravaches, exhortation à la virilité, plans nichons racoleurs et giclées de sang généreuses. Et il faut avouer que de ce point de vue, pour ce public, ce film sut se défendre. Pour ce qui est de parler à notre cerveau braguettal, on ne peut le nier, 300 est ce qu'il faut. Ce qui ne le dédouane évidemment pas de ses (très) nombreuses autres (graves) erreurs.
Alors pourquoi 1 ? C'est extrême, tout de même. Eh bien, parcequ'en faisant le point général, ce film fuit quand même de toute part. Il a beau flatter les bas instincts, et amuser le cerveau qui le regarde d'un oeil, il est tout simplement trop miteux sur les autres plans pour mériter plus. Ce qui m'oblige à recourir à un procédé que je déteste, mais qui me parait la seule solution maintenant : une énumération des points négatifs/positifs du film.

+ 1 : l'aspect "histoire à la louche fantasy" n'est pas trop mal introduit.
+ 1 : "THIS IS SPARTAAAAA !" "Tonight, we dine... in hell !" "Aou ! Aou ! Aou !" C'est pas du Audiard, mais ne chipotons pas, ça claque, ça reste.
- 1 : Leonidas vient d'assassiner un diplomate sans défense ? Je sais que c'est Sparta, tout ça, mais... il nous est vendu comme noble et juste, non ?
- 1 : Le passage des Éphores. 10 minutes de remplissages juste pour coller un plan nichon sur fond de lépreux, ça fait mal par où ça passe. Et en quoi des prêtres sorciers à demi décomposés ont ils besoin de pognon ?
- 1 ; "connards de tapettes de démocrates Athéniens qui préfèrent parler plutôt que de protéger la liberté en fonçant tête baissée"... vu le contexte, ça doit être pour nous, amis mangeurs de grenouilles.
+ 1 : Gerard Butler a une bonne dégaine de bourrin, quand même.
- 1 : En avant pour la liberté, Ô nobles spartiates qui pratiquent l'eugénisme, ont des esclaves, livrent des gonzesses à l'appétit de vieillards lubriques, et ont un roi ! Allons botter les fesses de cette civilisation perse inhumaine et totalitaire"... Moui, logique.
- 1 : Ssssscccccchhhhhlllllooooooowww Moooooccccchhhiooonnnnn. Tout le temps. Pour un rien.
- 1 : Qui a pissé sur la pellicule ? Ah, c'est un coucher de soleil, pardon.
- 1 Arbre à crucifiés et mur de cadavres... Et à part ça, ça va ?
- 1 : La preuve que l'euthanasie sur handicapé, c'est bien : leur esprit est aussi vil que leur apparence.
- 1 : Les perses sont des orcs ?
- 1 : Le chef des orcs est une grande folle ?
+ 1 : Baston !
- 1 : Attendez, vous n'aviez pas viré Ephialtes à cause d'une histoire de rang, de phalange, de cohésion, à la base ? Pourquoi vous virevoltez tous chacun dans votre coin, du coup ? Et pourquoi l'ennemi ne profite pas du fait que vous soyez trop bêtes pour vous mettre dans la formation à même de bloquer le passage pour lancer une attaque massive et ainsi vous écraser un à un ?
- 1 : Et au fait, à quoi ça sert, tout ça ? Je veux dire, vous n'attendez personne, pas vrai ? Vu que vous répétez tout le temps que les autres grecs sont des pédérastes, lâches, etc....Du coup, vous êtes partis à 300 contre des centaines de milliers... Pour retarder l'invasion de quelque jours ? Ah ouais, de vrais foudres de guerre, bravo les gars.
+ 1 : Haha, c'est n'importe quoi !
- 1 : Ouaaah, c'est n'importe quoi...
- 1 : Tiens, des africains. Dans l'armée Perse. Evidemment, après tout, entre bougnoules dégénérés, on se comprend, hein ?! ( jeez, quoi... ).
-1 : Si ce film devient encore plus gay, il va falloir ajouter une lettre à ce mot.
- 1 : "Pour la libert..." Oh, ta gueule !
- 1 : C'est gentil d'avoir voulu faire un arc pour la seule actrice féminine du casting. Dommage que ce soit du gros remplissage qui tâche.
- 1 : Qui a vomi des spaghettis bolognaise sur la pellicule ? Ah, c'est du sang, d'accord...
- 1 : Toi aussi, fais comme Léonidas : achève ta carrière militaire en profitant d'une trêve pour tenter d'assassiner lâchement le chef de l'autre camp.
- 1 : Et après la bataille, Xerxès s’aperçut qu'il avait oublié les sandwiches à la maison. Il fit donc demi tour et laissa le temps aux cités grecque de s'allier. Je suppose, parce que je ne vois pas trop, sinon...

Et on pourrait continuer longtemps : le générique de fin français est un rap pas terrible, 300 a été le prétexte à la comédie Spartatouille, les iraniens se sont étrangement sentis un peu offensés par ce film... Mais rien qu'en restant dans le registre cinématographique, on a suffisamment de matière pour trouver assez de défauts pour rendre ce film insupportable, si on y réfléchit ne serait-ce qu'un brin, et ridicule, si on est pas là pour réfléchir. Enfin, au moins restera-t-il quelque part dans les tréfonds peu ragoûtants de notre coeur comme le premier film mêlant propagande raciste, culte de la virilité gay, plaisir coupable et orgasme de boutonneux. En sschloooooooww-Moooocchhiiiooooon.
Kevan
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le 22 mai 2014

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Kevan

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