Mes chers lecteurs, je vous informe que ce soir je suis allé voir le film 1917 réalisé par Sam Mendes. Un témoignage d’un proche du réalisateur, une oeuvre décorée et une fidèle fiction de deux heures de « deux » plans séquences.


De part le titre, la période est amenée au public. Une époque sombre, touchée par la Grande Guerre comme ces jeunes soldats tels que nos deux caporaux, Tom et Will. Les paysages sont ravagés de cratères, les munitions encore chaudes trempées dans la boue qui ralentie la course de nos soldats, alors qu’ils sont déjà donné pour chaire aux canons. Rappelons que la première guerre mondiale de 1914 à 1918 a emportée avec elle plus de 18,6 millions de personnes, un véritable massacre.
Pour en venir au fait, toute l’intrigue commence avec le film. Les caporaux Tom Blake (Dean-Charles Chapman) et William Scofield (George MacKay) sont chargés de prévenir la division 8 de ne pas attaquer. En effet, les ennemis ont pour stratégie de se replier pour ensuite reprendre l’avantage. Si le message ne leur parvient pas, ils seront sous peine de tomber dans leurs pièges et de condamner 1600 hommes à la mort. Parmi eux se trouve Joseph Blake, le grand frère de Tom. Les deux soldats se mettent en marche à volonté opposée. William veut réfléchir et prendre du recul face aux affirmations des replis allemands et son camarade se précipite pour sauver son frère. Ils se lancent donc dans un périple à travers les tranchées, les barbelés et même le No man’s land.

Ici vous pouvez spoiler


En s’arrêtant à une ferme pour l’inspecter, un avion allemand s’écrase après avoir été fraîchement abattu par les alliés. Nos « malgré eux » courent vers le véhicule voué à l’explosion pour sortir le soldat pourtant ennemi. Sauf qu’en temps de guerre, nous sommes tous égaux et nous restons des hommes avec des êtres chers à revoir. C’est donc un acte humble remercié d’un coup de poignard, renvoyé par les coups de fusil de Will dressé par l’ennemi. Le chemin se termine pour Tom dans les bras ensanglantés de Will. Notre protagoniste garde sa solitude même à l’arrivée des renforts et continue sa mission jusqu’à l’achever avec succès.
Effectivement, le jeune caporal poursuit son chemin à bord d’un bus jusqu’à Écoust-Saint-Mein, un village français bombardé et envahit par les allemands. William fait face à l’ennemi jusqu’à se cogner la tête ce qui laissera place à l’unique transition du film. Après son réveil, la nuit noire est éclairée par des fusées de détresses, ce qui l’amène à une poursuite désavantageuse et dans ces épaves, à rencontrer une jeune femme et un bébé. Aux allures d’un père, le héros donne son lait et ses provisions aux civils pour ensuite retourner à sa quête. La figure paternelle dont il a fait preuve se lie aux photos de ses deux filles et de sa femme lui adressant au dos : « Come back to us. » (traduit par : « Reviens à nous. »). Le soldat sort donc des ruines et fuit encore une fois les allemands en sautant dans une rivière. Après moult cascades, William ne peut se reposer mais son ami décédé reste avec lui à travers les feuilles de cerisier qui se déposent sur l’eau, mais la douceur ne dure pas, « c’est la guerre ». En effet, l’horrible réalité reprend quand notre héros se démène entre les cadavres pour rejoindre la terre et même trouver à temps la 8ème division. Will retrouve aussi le grand frère Joseph Blake pour lui adresser ses condoléances. Encore une fois, il est messager, il témoigne.


Après ce bref résumé du film, je tiens à donner mon avis sur deux scènes retenues et quelques choix de réalisation. Le passage qui m’a bonnement surpris est celui des fusées éclairantes qui illuminent le village et notre protagoniste en fuite. Je trouve cela magnifique à l’écran, un moment perçu par le personnage et nous, comme un feu d’artifice filmé en contre plongée. L’autre scène marquante est celle de la rivière. Au début, on croirait une tempête interminable pour ensuite se laisser bercer tranquillement par les flots apaisants accompagnés des feuilles de cerisiers. Une scène touchante pour sa symbolique à la liberté, l’apaisement et son allusion à Tom. À présent, nous allons parlés du choix de réalisation qui marque ce film. L’oeuvre est effectivement tourné en "deux plans séquences seulement" ! Tous deux divisés par une ellipse qui délimite ainsi le jour et la nuit. Cela permet une immersion extrême avec le personnage, nous l’accompagnons jusqu’au bout. D’autres choix tels que le silence après la mort de Tom ou encore les rapports aux arbres entre celui de fin et du début, la passion du défunt camarade pour le cerisier. Soit, pleins d’antonymes à la guerre : liberté, vie, famille, amitié se retrouvent en avant sous forme de symbole.

Un film que je recommande et que j’admire tout particulièrement par sa "bi-séquence" épatante et sa photographie (Roger Deakins). C’est ainsi que se termine mon rapport de critique.
Stuby
Stuby
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le 16 févr. 2020

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