Robin Campillo bouleverse la Croisette avec son pamphlet filmique, qui cristallise le combat contre l’indifférence et les préjugés liés au SIDA.


Jusqu’à présent, il n’avait pourtant que deux œuvres assez confidentielles à son actif en tant que cinéaste : Les Revenants, premier film discret et moins connu que sa série éponyme, et surtout le superbe Eastern Boys, romance malsaine et radicale entre un cinquantenaire désabusé et un jeune réfugié d’Europe de l’Est.


Cette radicalité, Robin Campillo ne s’en départit pas et en infuse chaque seconde de 120 battements par minute, suivant le quotidien de militants Act Up-Paris au début des années 90. C’est l’occasion d’une piqûre de rappel en faveur de ceux qui n’ont jamais cessé de se battre pour l’évolution de mentalités et l’accès à de meilleurs soins pour les malades du SIDA. Présenté en compétition au Festival de Cannes, 120 battements par minutes, qui devrait en ressortir généreusement primé, est une des rares œuvres ayant fait l’objet d’une quasi-unanimité cette année.


Remarquablement documentées, les interventions et actions d’Act Up-Paris s’égrainent au fil des jours, rappelant que le temps est compté pour certains, et notamment pour Sean et Nathan, couple d’amoureux en pleine course contre la montre. Le rythme accuse quelques défauts et le dernier acte souffre de cette fameuse radicalité qui semble forcer l’émotion, mais 120 battements par minute hurle sa rage de vivre et d’aimer, en hommage à une génération meurtrie.


On adore l’incroyable synergie du casting auquel on attribuerait bien une récompense groupée, l’humour décomplexé des militants contribuant à la désacralisation d’un sujet hautement sensible, et l’énergie qui se dégage de la réalité terrain. 120 battements par minute est une petite pépite d’amour et de tolérance qui ne prend pas de gants pour parler de ses thématiques : la peur de la mort, le désir d’aimer, et la fureur de vivre.

Filmosaure
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le 29 mai 2017

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