Daniel Craig avait lancé son règne par un Casino Royale incandescent, plein d'idées et de punch, on s'attendait alors à en avoir toujours plus. Quantum Of Solace s'était occupé de calmer les ardeurs de beaucoup, Skyfall avait relancé la machine sans pour autant être tonitruant, Spectre lui,....est essoufflé, clairement, il ne tient pas la comparaison vis-à-vis de ces concurrents indirects et manque un peu de vitamines.
Pourtant, il faut souligner l'effort esthétique et visuel de Sam Mendes. Spectre est visuellement très beau, les jeux d'ombres, de lumières sont la plupart du temps superbement bien utilisés. La scène d'ouverture est LA scène du film, un plan séquence maitrisé, intelligent et haletant, en plus accompagné d'une très bonne musique, on se dit qu'on le tient le successeur digne de ce nom de Casino Royale. Dommages que le générique arrive finalement, au delà du fait qu'il soit réussi, c'est la chanson de Sam Smith que j’abhorre (alors que les 3 précédentes étaient plutôt cool !).
Ensuite ?....Spectre cherche son souffle lors des 2h20 qui suivent. Le film est plutôt solide sur sa première heure même si c'est terriblement linéaire. Les débuts à Londres sont habituels et drôles, Rome est à mon sens la partie la plus réussie ainsi que l'Autriche (l'avion ça envoie à l'écran, le réveil terminatoresque de Dave....)
Mais ce Spectre est bourré de défauts immensément malvenus pour un film de ce calibre. C'est déjà toute la confrontation avec Christoph Waltz qui est TOTALEMENT manquée. Celle-ci manque totalement de puissance, elle est tout à fait superficielle et n'arrive jamais à atteindre la tension que pouvait avoir celle entre Le Chiffre et James Bond. Ce n'est pas tant Waltz (enfin peut-être que si finalement) qui rate sa prestation, c'est surtout son personnage qui est d'un banal affligeant. Cela s'accompagne de cette partie à Tanger totalement manquée. Une partie bimboesque, réussie visuellement (au Maroc...ça me rappelle presque un film sorti au mois d'Aout tient) mais dans lequel tout sonne faux de bout en bout (et c'est pas la grosse explosion et le son Dolby Surround 7.1 qui rattrape le coup....). On ne parlera pas du personnage de Monica Bellucci qui, déjà qu'inutile, n'apporte rien à part une scène pseudo sensuelle loupée. Dave Bautista est indigne d'un James Bond, indigne ! Les personnages de C et de Q sont tellement mal interprété (C....c'est pas possible de livrer une prestation aussi niaise !).
Mais dans tout ces défauts, Daniel Craig est un bon James Bond, j'aime son style, sa gueule, son cynisme couplé à un vrai charisme. Mais bizarrement c'est Léa Seydoux qui m'a agréablement surpris. Son personnage fait très James Bond girl à l'ancienne, très classe et à la fois terriblement sensuelle et attirante. On pourra reprocher une construction un peu survolé de son personnage mais c'est pour moi l'un des bons points de ce Spectre.
Puis quand James Bond gagne en rythme, le film se suit agréablement, tout le final est assez sympathique à suivre. La course poursuite dans Rome est impressionnante. Mendes est un architecte visuel exceptionnel mais ça ne suffit pas à faire de Spectre la claque.
Musicalement, Spectre est largement au-dessus de Skyfall, rien que la partie à Mexico donne le ton, avec un BO bruyante et quasi constante tout au long du film.
J'ai aimé ce Spectre, plus que Skyfall finalement (qui avait un côté bête et méchant). Spectre renoue avec le complot mondial, avec un Bond au sommet mais mis en difficulté de toute part par un monde qui change et au bord du gouffre...Mais trop de défauts ternissent ce Spectre qui arrive trop tard dans l'année. Mission Impossible a tellement joué avec les codes du genre, à rendu une copie tellement novatrice, pleine d'humour et d'action sans jamais se prendre clairement au sérieux que ce James Bond parait si sérieux et finalement assez dénué d'humour. Oui, MI sur cette année 2015, tourneboule de très loin l'agent anglais (et à vraie dire, je le sentais quelque peu, mais la taxe "Tom Cruise" fait toujours son effet).
Alors Spectre est un bon Bond qui rend hommage (en reniant allègrement Quantum of Solace en passant) à la série en cours. Mais l'ombre de Casino Royale rôde toujours et on a la douce impression que, quoiqu'on fasse, l'apogée de Daniel Craig en agent de sa majesté était bien en compagnie de Vesper et du Chiffre.
On se dit aussi que malgré la richesse du cinéma de Sam Mendes, un nouveau monsieur au manette ferait du bien à James Bond.
C'est un 7 à l'arraché et qui profite d'une bienveillance halifaxienne envers Craig/Mendes/Seydoux et d'une scène d'ouverture magnifique.