Watchmen
8.5
Watchmen

Comics de Alan Moore et Dave Gibbons (1986)

Le comics qui transcende le genre

Parce que Torpinou va bientôt venir massacrer d'une critique acerbe ce chef d'œuvre de comics qu'est Watchmen, autant préparer à l'avance quelques arguments justifiant le culte que mérite cette bande dessinée.


Watchmen pourrait être attaqué sur son dessin. Bien que chaque planche est un exercice de maître de mise en scène, de rythme et de cadrage parfait, le trait de Gibbons est un brin vieillot, en miroir du style de l'âge d'or des comics expurgé d'une candeur qui n'a plus lieu d'être. De même pour les aplats de couleurs brutaux, donnant à l'ensemble une sensation de contraste exagéré. Le dessin ne se veut pas beau, il est à l'image de l'univers déployé. Laid, malsain, morne et désespérant.


Watchmen pourrait être attaqué sur sa structure narrative. Douze chapitres entrecoupés de longs textes, faux extraits de journaux, de rapports psychiatriques ou autres interviews. De fait, jamais le terme « roman graphique » n'aura été à ce point bien employé. L'ensemble forme un tout d'une cohérence extrême, chaque chapitre, porteur d'une réflexion qui lui est propre, entre en résonance avec l'ensemble déployé par Alan Moore pour offrir une réflexion fouillée et absolue du genre qu'est le comics de super-héros.


Watchmen pourrait être attaqué sur son scénario, ses personnages, les thèmes abordés, les thèses défendues. On croit se lancer dans la lecture d'une histoire de super héros mature, on embarque dans une uchronie en mode dystopie, où la notion de héros est maltraitée comme jamais, retournée comme une baudruche pour en dénoncer ses aspects les plus infantilisants. A croire qu'Alan Moore voulait saisir par le col tous les aficionados de Marvel & DC et déclamer tout en les secouant « Les BD de super héros, c'est d'une puérilité crasse, réveillez vous bande de zouaves, personne ne viendra jamais vous sauver ! Les super héros sont aussi faibles et instables que vous! ».


Watchmen peut être attaqué. Critiqué, vilipendé même. Il n'en reste pas moins que cette œuvre transcende le genre du comics, dans tous ses mécanismes narratifs, ses canons, ses dogmes.


Reste le plus important, Watchmen, ça t'envoie des tartines d'émotions par la rétine comme peu de bande dessinées savent le faire.

Créée

le 4 juin 2012

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Hypérion

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