Raptor
6.8
Raptor

Roman graphique de Dave McKean (2022)

Un fascinant voyage graphique aux confins du fantastique

Écrivain, illustrateur, photographe et musicien, Dave McKean est un artiste complet, mais complexe. À l’image de son auteur, l’extraordinaire Raptor est exigeant, mais unique.


Le pitch de Raptor parait pourtant simple. Arthur, un auteur gallois de contes fantastiques du XIXe siècle, pleure la mort de sa jeune épouse et, par le spiritisme, tente de la retrouver. Par le biais de son dernier manuscrit, il entre en contact avec Sokol qui, dans un pays lointain et peut-être fantastique, chasse des monstres à l’aide de son faucon. Involontairement, ils brisent la barrière de l’espace et du temps les séparant. Le miroir était la porte et le livre la clé…


Introduit par une citation de La Divine comédie de Dante, le texte est magnifiquement écrit et la traduction de Sidonie Van den Dries est superbe. Dave McKean ose des registres technique, poétique, voire soutenu, rares dans la bande dessinée.


Seconde surprise. Au fil des chapitres, McKean varie sa technique. Il alterne des séquences illustrées classiques avec des passages abstraits. Les traits même de ses personnages ne sont pas figés. Jouant très légèrement avec la perspective et les proportions, il parvient à susciter un malaise chez ses lecteurs. Attention, ces variations ne sont jamais gratuites. Accentuant les émotions, elles rendent les visages plus expressifs et plus vrais. Mieux encore, elles nous introduisent dans la psyché torturée d’Arthur. Mais, ce dernier est-il victime d’hallucinations ou d’envoutement ? Plus largement, où est donc la réalité ? « Créons-nous les démons qui hantent nos vies, ou sont-ils là à l’extérieur qui nous attendent, prêts à répondre à nos invocations ? » Inépuisable question. Diaboliquement malin, McKean se garde de nous imposer sa propre réponse. D’ailleurs, il invite ses lecteurs à se méfier, car : « Voir n’est pas croire. » Que croire ?


Vous poserez vos propres hypothèses, qui probablement varieront avec le temps. Car, tel le manuscrit hanté d’Arthur, Raptor change avec le temps… Assurément, vous êtes entrés en possession d’un déroutant chef d’œuvre. Mais, qui possède qui ?

SBoisse
8
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le 30 juil. 2022

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Step de Boisse

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