Et voilà, le quatrième opus est entre mes mains.
On ne peut pas dire qu'il s'est fait attendre et je ne peux pas dire non plus que je l'attendais spécialement.
En effet si les 2 premiers volumes m'avaient mis une belle claque dans la tronche, j'ai eu beaucoup de mal à digérer le 3eme, un poil trop sordide à mon goût.
Je ne suis pas un adepte du '" il faut toujours un peu d'humour pour détendre une atmosphère trop chargée" mais je dois dire que la scène dans les bois et les répercussions physiques sur Polza m'ont parues un peu abusées
Alors bien sûr, en lisant ce chapitre finale, je dois bien avouer que sans cette scène, on ne comprendrait pas tout à fait la relation qui le lie à la famille Oudinot (pourtant le traitement n'en reste pas moins choquant)
Pour moi, il fallait attendre la conclusion de cette histoire pour vraiment juger de sa qualité globale.
L'oeuvre a été pensée dans sa totalité et elle demandera sans doute une relecture totale pour en apprécier l'immensité de ce que nous a proposé Larcenet pendant 5 ans.
Si on ne peut pas revenir sur l'excellence du dessin de Blast ( d'ailleurs , il est intéressant de reprendre les albums depuis le début et de voir à quel point il a évolué tout en maîtrisant de plus en plus ses effets) , la puissance de son atmosphère (sombre , désespère, rageuse et emprunt d'une certaine folie) , les différentes expériences de traitement ( le Blast en forme de dessin d'enfant , les quelques explosions de couleurs, les découpages du tome 3 et 4 etc, etc..), on se devait par contre d'attendre la résolution de l'enquête et la fin des analyses des psychoses de Polza pour se poser cette question : est ce le chef d'oeuvre de Larcenet ?
Fondamentalement, je crois que cette question a du aussi traîné dans la tête de l'auteur. il commence à avoir une bibliographie assez conséquente (avec des œuvres réputées) et je pense qu'il a voulu taper un gros coup avec Blast.
Blast c'est un peu l'antithèse du Combat ordinaire. Si ce dernier était emprunt d'un profond espoir , Blast laisse le désespoir régné.
Au niveau de l'histoire, on a un condensé des thématiques chères à Larcenet ( la mort du père par exemple ), agrémentées de réflexions très dures sur la vie , la mort, l'amour.
Il n'épargne aucunement Polza. Autant psychologiquement que physiquement, le personnage va se prendre des coups, des coups qui l'amèneront jusqu'à être accusé de l'agression très violente d'une des rares personnes qu'il a aimé.
C'est ce que Blast nous vendait en tout cas et la dernière partie avait la tâche ardue de recoller les morceaux et d'expliquer ce geste extrême.
Et , il va encore plus loin. Dur de parler de cet album sans spoiler ( ce que je ne ferais pas ) mais sachez que la fin m'a laissé sur le cul et vous donnera envie de ressortir les 3 premières parties.
Avec les dernières révélations, le doute s'installe encore plus profondément et la seule question qui reste en suspend est " est il sain d'esprit ou non ?"
L'album , toujours aussi sombre, s'avère aussi emprunt d'une certaine tristesse. La tristesse d'une fin qui se veut dès le départ tragique.
Je ne sais pas si on peut qualifier Blast de chef d'oeuvre.
Dire ça , c'est être persuadé que Larcenet ne pourra pas faire mieux alors que je suis certain qu'il en a encore sous le pied.
Cependant , avec cet album, on a vraiment l'impression qu'il a passé un cap autant graphiquement que scénaristiquement et si celui-ci n'est pas parfait , il s'avère témoins être une des grandes séries de ces dernières années.
