ça m'énerve un peu, quand les fans de comics parlent d'un opus sans que je le connaisse avec des trémolos dans la voix. Je me dis "encore un truc sur lequel les afficionados se chauffent sans raison". Et puis Alan Moore m'énerve un peu. OK Watchmen c'est très bien (et beaucoup de références me passent sans doute au-dessus de la tête). Mais V pour vendetta, et surtout From hell, c'est inutilement verbeux et alambiqué pour mon propre goût. J'avais donc peur d'un épisode de Batman ampoulé et démonstratif.
Or c'est réussi, car c'est sobre. Enfin la partie de l'histoire du point de vue de Batman est sobre : il enquête, il a bizarrement envie d'éviter le pire de son affrontement avec le joker. Peut-être assez hypocritement.
Du côté du joker, l'histoire est extravagante, mais avec juste ce qu'il faut de cabotinage. C'est contenu. C'est ce à quoi on peut s'attendre. Avec une origin story qui fait du joker un artiste raté et faible, victime d'une machination. Qui veut justifier son évolution en entrainant d'autres gens dans la folie. Une sorte d'appel au secours à plusieurs couches. C'est beaucoup moins verbeux, bien plus subtil et bien moins trouble que le Dark Knight de Franck Miller.
Le graphisme est parfait, il n'y a rien à redire. C'est beau, moins inutilement torturé qu'un Franck Miller. ça dégage une aura classique. C'est... Chaque planche, on a envie de l'encadrer, de la mettre sous verre pour l'afficher dans son salon, pour avoir l'air de quelqu'un de bon goût.
La conclusion est géniale, ouverte à l'interprétation pile comme il faut.
C'est une belle et courte histoire de Batman, comme toutes les histoires de Batman devraient être. C'est vraiment réussi.
Une réputation vraiment pas volée.