J'ai entendu tellement de bien de Killing Joke que je m'attendais à un chef-d’œuvre indescriptible, et je me retrouve à mettre la même note à cette BD qu'à son adaptation en film d'animation.
La BD est tout à fait chouette, mais avec l'effet de surprise en moins, ça perd beaucoup en impact. Je comprends la révolution que ça a pu être, mais quand on y réfléchit rapidement, il n'y a pas tant de matière que ça. D'un côté on rend le Joker très menaçant cari il s'en prend au commissaire Gordon et sa fille, de l'autre on lui donne une origine... Une origine plutôt stylée certes mais qui n'apporte rien à ce qu'on nous raconte là.
Pour moi le plaisir de cette BD, ça a plutôt été sa construction. Sans trouver les dessins magnifiques (c'est quand même un style très éloigné des comics de maintenant), je trouve qu'en termes d'agencement des planches ça fait souvent le travail. Comme la planche où - attention divulgâchis - Gordon devient taré sous de nombreuses photos de sa fille. La planche qui révèle la naissance du Joker est bien trouvée aussi.
En gros, c'est ça pour moi cette BD. Des fulgurances avec des idées osées pour du Batman, mais un traitement qui reste un peu superficiel sur les bords. Après je n'ai rien contre la superficialité, c'est aussi le lot de très nombreux comics, c'est juste que quand on décrit ça comme un chef-d’œuvre, je m'attends à ce que ça change ma vision de la bande dessinée ou ma vision de Batman, et il n'en est rien. En fait c'est à l'image du one-shot qu'on a en bonus à la fin du tome, c'est juste l'auteur qui prend beaucoup de plaisir à jouer au petit malin pour chambouler le lecteur - attention nouveau divulgâchis - en mettant en scène la mort de Batman, mais ça ne mène à rien concrètement.
Toutefois, je comprends le coup de pied dans la fourmilière dans l'univers DC que ce comics a pu représenter à sa publication, mais je pense que des films avaient déjà fait mieux que ça dans l'exploitation de la cruauté d'un méchant, et sans doute même des bouquins...