Eden's Zero
5.1
Eden's Zero

Manga de Hiro Mashima (2018)

J’ai été (et je suis même encore) bien tenté de donner à cette critique le titre: « l’Injustice » tant le manga ne reçoit absolument aucun respect, mais je me dis que le titre « Machina Heart » sonne bien mieux pour aborder Eden’s Zero, car il met en avant le coeur de son propos thématique avant tout et incite d’avantage à une analyse constructive.
Aujourd’hui, j’ai décidé de passer à l’écriture, de prendre la plume pour faire connaître ce manga bien trop méconnu et surtout trop peu défendu par la communauté des aficicionados d’animés – mangas.


« L’Injustice », « la mauvaise foi des gens », « lynché pour rien », sont autant d’idées de titres qui me traversent l’esprit lorsque je pense à Edens Zero et surtout à sa réception glaciale dans la sphère du média.
E.Z est le 3ème manga long d’Hiro Mashima, auteur des shonens nekketsu Rave Master (1999 – 2005) et Fairy Tail (2006 – 2017). Pré-publié comme les précédents travaux du mangaka dans l’hebdomadaire Weekly Shonen Magazine au Japon depuis Juin 2018, Eden’s Zero semble être rejeté par une importante quantité de lecteurs de mangas. Il est un manga auquel on ne donne pas et surtout auquel non ne VEUT PAS donner une chance.
Car dans la communauté Manga, c’est prit pour acquis qu’Hiro Mashima est un faiseur de « mangas de merde », un pâle imitateur naïf ou encore un « Michael Bay du manga » avec sa « Mashimarque » des « Fairy Boobs » et du pouvoir de l’amitié dégoulinant.


Fairy Tail, malgré qu’il soit terminé depuis plusieurs années à présent, demeure encore dans les esprits, en bien chez quelques uns, mais pour les hordes de ses détracteurs, il n’est qu’un souvenir tel une trace de pneu au fond des W.C, et l’étendard des produits bons marchés pour kikoos peux exigeants.
Par association d’idées et de ressemblances graphiques, on dirait bien que ces légions de haters de Fairy Tail ont décidés d’un commun accord de faire toute la mauvaise publicité possible sur le dos d’Eden’s Zero.
Telle une mission qu’ils ont à accomplir, les détracteurs des travaux d’Hiro Mashima sont prêt à employer toute leur énergie pour dissuader quiconque d’accorder une chance au manga. Leur arme est la déception des gens à l’égard de Fairy Tail, et ils n’hésitent pas à faire appelle aux ténèbres de la déception enfoui dans le coeur des déçus pour leur couper toute envie de donner une chance à Eden’s Zero.


Je suis écoeuré ! Ecoeuré et attristé par cette massive campagne de propagande négative sur la toile visant à nuire à l’oeuvre ! Jamais je n’ai vu des préjugés aussi absurdes et par-dessus le marché tenaces, alors que le manga en question a bientôt 3 ans et demi de publication et bientôt 20 tomes au compteur. A chaque fois que le sujet Eden’s Zero est convoqué sur la toile dans les commus otakus des divers sites, via une image ou plus récemment une bande annonce de l’animé pour sa sortie sur Netflix, on retrouve les mêmes plaies ou pire, des gens qui ne connaissent pas et demandent encore : « C’est une suite de Fairy Tail ? ».


Une donne fois pour toute, nous allons remettre les pendules à l’heure : NON Eden’s Zero n’est PAS un FAIRY TAIL DANS L’ESPACE !
Principe sommaire mais il semble qu’il y ai nécessité de le rappeler, ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Pour le hater des travaux du d’Hiro Mashima, l’emballage a tout d’un mauvais souvenir qui se ramène à lui. Un jeune garçon au large sourire entraînant par la main une jeune demoiselle au physique aguicheur et...un CHAT BLEU...je peux concevoir que la méprise soit, car difficile de ne pas faire immédiatement le lien avec notre charmant trio de magiciens de Magnolia. Pour beaucoup, cette couverture du premier tome demeurera malheureusement l’obstacle dissuasif impossible à franchir. Malheur à eux, jamais ils ne découvrirons le précieux sésame et passeront à côté d’une grande et fascinante épopée spatiale !


Eden’s Zero, c’est l’histoire de Shiki, un jeune garçon un brin sauvageon, qui a grandit dans le décor Idyllique de la planète Grandbell, entouré de ses charmants amis, tous des androïdes. Seul humain sur sa planète, Shiki mène une existence paisible, toutefois, il n’a jamais eu la chance de quitter cette planète, ne voulant pas abandonner ses amis robotiques.
C’est le jour où il croise la route de Rebecca, une jolie demoiselle B-Cubeuse cherchant à faire le buzz en vidéo, accompagnée de son chat bleu Happy, que sa vie bascule. A peine a t-il le temps de rencontrer pour la première fois l’un de ses semblables, qu’au même moment, les robots de l’île deviennent hostiles et menacent de tuer sa nouvelle amie. Shiki n’a alors d’autre choix que de fuir sa planète natale avec la jeune fille et Happy.
Pour nos trois aventuriers, cette rencontre marque le début d’un voyage sans précédent à travers la galaxie. Dans cette aventure à la recherche d’une entité millénaire, Shiki se fera beaucoup d’amis, mais découvrira également un monde aussi cruel que vaste, et que l’harmonie qui semblait régner entre Hommes et Machines sur Grandbell...est bien loin de la réalité du monde extérieur.


Voilà à peu près comment on pourrait résumer le point de départ de l’histoire d’Eden’s Zero sans spoiler outre mesure des éléments introductifs du 1er tome.
Si j’ai tenté de spoiler moins possible, il fallait néanmoins que je mentionne certains éléments de la situation initiale, et les premiers éléments perturbateurs du récit pour pouvoir déboucher sur une analyse personnelle plus épaisse et pertinente.


Que dire, Eden’s Zero est une énorme surprise ! Cela vous surprend sûrement venant de quelqu’un qui toujours défendu contre vents et marrées Fairy Tail ?
Je puis vous dire que j’en suis le premier surpris. Avec Eden’s Zero, Mashima a complètement dépassé toutes mes attentes. Jamais je ne me serais attendu à autant de sa part.
Eden’s Zero, c’est excellent ! C’est un récit d’aventures avec un grand A, fait avec beaucoup de coeur et qui respire la passion ! Une histoire palpitante et un univers de Science fiction absolument délicieux ! Avec ce nouveau manga, Hiro Mashima, adepte des univers de magie, sort nettement de sa zone de confort, sans pour autant délaisser la magie qui reste sa signature privilégiée. Lui même le dit, ce n’est pas un vrai manga de SF, mais un manga de « Science – Fantasy ». L’auteur de Rave s’en donne à coeur joie, il laisse libre court à son imagination et nous emmener dans son tout nouvel univers.
Le premier vrai point positif d’Eden’s Zero est le fait que l’on retrouve énormément à mon humble avis, une vibe à la One Piece.
Un univers qui semble infini de possibilités scénaristiques, d’environnements et de bakcgrounds qui ne demandent qu’à êtres explorés. A première vu, il nous semble qu’on embarque pour un voyage aussi long que celui de Luffy.
Eden’s Zero sait être alléchant. Le parfum de l’aventure est tellement présent que l’on a jamais envie de lâcher la lecture d’un tome. Le rythme est tellement soutenu et les chapitres intenses, qu’attendre 1 semaine pour avoir ses 20 pages est un délicieux supplice pour les lecteurs de scans.


L’aventure est épique, riche en rebondissements. Toutes les mauvaises langues qui pensaient que Mashima était un mauvais scénariste ne peuvent que se taire devant les efforts du mangaka pour construire son univers spatiale. Le fait de placer le récit dans l’espace n’a rien d’un simple trompe l’oeil pour cacher un manque d’inspiration, pas du tout. La galaxie et les différentes sociétés et planètes imaginées par Mashima, sont consciemment reliées à la thématique centrale de l’oeuvre: le rapport entre L’Homme et la Machine.


La Thématique de la complexité des relations d’oppositions / similarités entre Humains et Robots est un classique des récits de Science Fiction dans la Littérature et postérieurement sur le grand écran où ont été de nombreuses fois adaptées de prêt ou de loin des notions de chez Asimov, Phiippe K.Dick et d’autres. On pourrait considérer que cette thématique, en 2018 (lorsque la publication du manga a débutée) est déjà bien usée et tellement banalisée qu’elle n’en sera plus jamais intéressante à analyser.
Ce n’est pas Hiro Mashima lui même qui dira le contraire, en continuant de prétendre qu’il n’y connaît rien en science fiction et en robots. L’auteur lui même sait parfaitement qu’il est en territoire connu et que les thèmes qu’il a décidé d’aborder sont vus et revus.
Mais c’est justement cette honnêteté et cette modestie de Mashima qui à mon sens, fait que l’auteur a parfaitement réussi à s’approprier un sujet comme la complexité des androïdes.
En restant à distance, sans prétention, Mashima arrive pourtant à notre grand étonnement, à faire ressortir beaucoup de complexité et de psychologie.
Le manga a beau être une fiction, les questions autour des androïdes comme la hiérarchie, le coeur, la révolte des machines sont traitées de manière frontale et réalistes dans l’univers galactique fictif.


Preuve il en est encore qu’Eden’s Zero n’est pas un clone de Fairy Tail, l’univers du manga est bien moins rose et lisse que semblait l’être celui du précédent. Mashima a abandonné tout manichéisme dans son écriture de l’oeuvre. Non dans Eden’s Zero, les méchants ne deviennent pas gentils, non les protagonistes ne sortent pas indemnes des batailles qu’ils traversent, aucune victoire ne s’obtient par le pouvoir de l’amitié.


Le monde d’E.Z n’est pas rose, au contraire, et gare à ceux qui en restent au 1er tome.
Plus le manga va progresser, plus les personnages vont être mis face à la brutalité du monde.
C’est à travers le personnage de Shiki que le lecteur va être amener à le comprendre, en même temps que le protagoniste à ses dépends.
Shiki est considéré par beaucoup comme l’une des faiblesse du manga, hors son écriture reflète la démarche de Mashima de se détacher de Fairy Tail.
Il ne serait pas exagérer de dire que vulgairement, Shiki est un personnage tout droit sorti de Fairy Tail.


(précision: les comparatifs avec FT dans cette critique n’ont pas pour but de descendre le manga que j’aime moi même. Je me place toujours du point de vue négatif de ses détracteurs)


L’écriture de Shiki n’est pas pauvre, et le personnage n’est pas inintéressant. Son intérêt découle justement de son évolution précoce. Shiki a été élevé par des androïdes qui ont été bons envers lui. Comme il n’a jamais quitté sa planète, il pense que le monde extérieur est à l’image de son cocon chaleureux. C’est de la confrontation violente de sa naïveté idéaliste de l’amitié face à des machines rancunières et/ou des criminels sans morale qu’il va devoir mûrir et accepter que tout les hommes et les machines n’aspirent pas à cette paix.


Les autres personnages ne sont pas en reste, tous sont dotés d’une profondeur psychologique gravitant autour de la thématique.


Rebecca est la première concernée. Pour elle, l’amitié n’a pas de limite, que l’on soit humain ou androïde. Abandonnée depuis toute petite, elle n’a grandit qu’en la seule compagnie d’Happy avec lequel elle a tissé un lien fort. Il était sa seul famille jusqu’au jour ou il a perdu la vie, percuté par une voiture. C’est à la technologie, au savoir du Dr. Wise, qu’elle doit a survie du chaton qui a pu revenir à la vie en tant que machine.


Puis il y a Homura, abandonnée par sa mère et laissée seule à son sort sur sa planète féodale.
Le personnage, sauvé par Valkyrie, l’une des quatre étoiles brillantes, va retrouver une raison de vivre et un maître. Toute sa quête pour retrouver son maître l’amènera à comprendre qu’au final, la personne qui a le plus comblée cette absence d’une mère, c’était bien la guerrière androïde.


Mais l’on trouve aussi le même cas dans le sens inverse. Le personnage d’Harmit est clairement celle qui a le vécu le plus traumatisant.
Le personnage a perdu la foi en l’Homme après que ces mêmes hommes en qui elle avait placée sa confiance et avec lesquels elle pensait travailler pour bâtir cette cohabitation pacifique inter-espèces, l’aient trahi et torturée en laboratoire.


Je n’irais pas jusqu’à dire que les personnages ont des passés plus douloureux que ceux de One Piece ou Naruto, mais ils n’en ont pas moins bavé.
Dans cette même logique, on est très surpris de voir le coup de crayon de Mashima dépeindre les horreurs et les injustices de la société. Du banditisme à l’esclavage en passant par le totalitarisme, toujours rattaché à la thématique des androïdes d’une manière ou d’une autre. Le dessin de Mashima est pour moi parmi les meilleurs chez les mangakas (avec Miura, Murata et Boichi). Son trait avait jusqu’à présent toujours fait ressortir une sorte de douceur, mais avec E.Z et son changement de registre pour un ton résolument plus dure et dramatique, cette ambiance chaleureuse qu’avaient ses planches précédemment se perd, ou du moins, selon les cases et les situations racontées, le style peut autant inspirer la joie que le plus grand des désespoir.


Tant que l’on parle du dessin, on va aussi parler du charact design.
Il semble que les gens découvrent avec E.Z que d’un manga à l’autre d’un même auteur, il y a des récurrences narratives et des ressemblances physiques.
Les gens considèrent que les personnages ont majoritairement des traits qui tiennent du réchauffé de ceux des personnages de Fairy tail.
Pour le coup je trouve ça extrêmement culotté de reprocher ça à Mashima alors que lorsque ça concerne les travaux d’autres mangakas, on pointe la ressemblance comme une qualité.
Sérieusement, avant de hurler au plagiat pour les mangas de Mashima, avez-vous déjà lu plusieurs mangas d’un même auteur ?


Prenez par exemple Rumiko Takahashi, visiblement coincée dans une boucle depuis les années 90. Non seulement ses mangas, « Inuyasha » (1997 – 2009), « Rinne » (2009 – 2017) et « MAO » (2019 -) ont au poil de c*l près, la même histoire, mais en plus, les personnages sont calqués les uns sur les autres.
On peut aussi prendre les cas de « Fire Force » d’Atsushi Okubo et d’Orient de Shinobu Ohtaka. Allez vous me dire que les œuvres ne ressemblent pas énormément aux précédents mangas respectifs de chacun. J’irais même jusqu’à citer un mangaka que j’aime beaucoup qui est Koji Seo. Le mec fait des mangas de romances – drames depuis près de vingts ans et à chaque fois que je commence un de ses nouveaux mangas, il est évident que je vais mettre un certain temps à me détacher du précédent et à ne pas voir l’ombre des personnages que j’ai aimé précédemment planer sur les nouveaux.
Donc oui il y a une énorme mauvaise foi des gens vis à vis d’Eden’s Zero; comme si ces derniers découvraient qu’un auteur a un style propre qu’il conserve au fil de ses mangas.


Je pense qu’il est grand temps d’arrêter cette propagande de mauvaise foi autour d’Eden’s Zero et de lui rendre justice en lui rendant la visibilité qu'il mérite, car l’oeuvre ne mérite aucunement cette vague de haine, qui plus est essentiellement basée sur des préjugés faciles.

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le 20 oct. 2021

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L_Otaku_Sensei

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