Je dois bien avouer que je ne fais pas partie des adeptes du neuvième art qui ont succombé rapidement aux charmes de « Les Vieux Fourneaux ». En effet, cette série née a connu un succès public et critique dès sa sortie. L’enthousiasme généré par cette parution était unanime. Les récompenses ont été nombreuses et les rééditions également. Ce n’est pas par choix ou par refus de suivre le mouvement que je n’ai pas feuilleté le premier tome intitulé « Ceux qui restent » mais davantage par un manque d’opportunité. C’est en lisant un article à propos de cette série dans un magazine que j’ai décidé de franchir le pas et de partir à la rencontre de ces petits vieux.


Cet album est l’œuvre conjointe du dessinateur Paul Cauuet et du scénariste Wilfrid Lupano. Le premier m’était jusqu’alors inconnu. Cet opus me servira donc à me faire une première opinion sur son travail. Par contre, j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer l’univers du second auteur. Lupano est un des scénaristes du neuvième art en vogue actuellement. « Le singe de Hartlepool », « Ma révérence » ou encore « L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu » sont les ouvrages les plus célèbres qu’il ait édité ses dernières années. Autant le premier m’avait très fortement conquis, autant les deux suivants m’avaient laissé une impression plus mitigée. J’étais sorti de leur lecture frustré par rapport aux critiques élogieuses qui avaient accompagné leur sortie. Néanmoins, ce léger bémol ne m’a pas empêché de découvrir « Les Vieux Fourneaux », son dernier succès en date.


L’histoire débute par une crémation. Antoine vient de perdre l’amour de sa vie Lucette. Ces deux fidèles amis Mimile et Pierre. Les trois loulous se connaissent depuis des années et malgré la douleur du moment ont toujours plaisir à se retrouver et à évoquer le bon vieux temps. Mais un événement va chambouler cet équilibre. Antoine muni d’un fusil décide de partir à la « rencontre » d’un ancien amant de sa femme en Sicile. N’arrivant pas à le faire revenir à la raison, ses deux amis accompagnés de la petite fille de Lucette enceinte de sept mois partent à sa poursuite. Voilà le début d’un road trip multigénérationnel.


Le trio principal est une belle réussite. Dès les premières pages, on les trouve sympathique. Je trouve leur amitié touchante et leurs dialogues croustillants. On rêve d’avoir les mêmes copains quand il sera l’heure de la retraite ! Leur côté révolutionnaire est une originalité intéressante sans jamais être lourd. Leur cohabitation avec la ravissante et dynamique Sophie est un atout narratif intéressant. La présenter comme la réincarnation de sa grand-mère disparue lui offre un charisme qu’elle assume et exploite pleinement. Il lui faut au moins ça pour gérer les petits vieux qui l’accompagnent !


Comme je l’évoquais précédemment, l’histoire se construit sur un road trip basé sur un plongeon dans le passé. Il faut bien avouer que dans ce premier épisode l’attrait de la narration est davantage dans le voyage que dans la destination. Cela ne peut pas dire que l’objectif de la balade soit sans intérêt. Mais disons que ce tome laisse davantage de place aux protagonistes qu’aux événements qu’ils y vivent. Ce n’est pas un problème tant les héros sont réussis. La richesse de leurs dialogues ne fait jamais regretter que le fil conducteur ne soit pas davantage approfondi. Le sentiment parfois désagréable d’avoir uniquement à faire à l’introduction de l’histoire est balayé par le dynamisme des personnages. La densité de leurs propos m’incite d’ailleurs à me plonger à nouveau dans la lecture pour vérifier que rien ne m’ait échappé.


Je découvrais ici le travail de Paul Cauuet. J’ai rapidement trouvé que son trait possédait une personnalité intéressante. Ce n’est pas forcément à lui que je penserai en premier si je devais monter une exposition picturale. Par contre, je n’aurais aucun mal à le conseiller pour valoriser des personnages. Le dessinateur participe activement à l’empathie ressentie à l’égard des protagonistes. Le côté excessif de certaines de leurs réactions est bien mis en valeur par leurs expressions graphiques. Je pense que je jetterai un coup d’œil intéressé sur un album dont la couverture abrite son nom.


Pour conclure, je n’ai pas regretté d’avoir laissé sa chance à cet album. Il a suffisamment éveillé ma curiosité pour que je lise rapidement les deux épisodes suivants. Je comprends l’attrait généré du fait de l’originalité des héros, de la qualité de leurs échanges et de la sympathie qui se dégage de chaque planche. J’espère que la suite sera de la même qualité. Mais cela est une autre histoire…

Eric17
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le 22 juil. 2016

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Eric17

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