Wilfrid Lupano est l’un des scénaristes qui monte. For de plusieurs succès et sachant s’entourer de dessinateurs talentueux, il est devenu synonyme d’auteur à suivre. « Les vieux fourneaux » ne déroge pas à la règle. Dotée de critiques très positives et du Prix des libraires de bande dessinée 2014, il n’en fallait pas plus pour que je m’y intéresse. Il est accompagné au dessin par Paul Cauuet, que je ne connaissais pas. Le tout est publié chez Dargaud pour un total de 56 pages. Ce tome 1 est nommé « ceux qui restent ». Le succès de la série a, depuis, vu paraître une suite. Je précise tout de suite que ce premier tome se suffit à lui-même.

Le titre de l’album est assez explicite : on s’intéresse ici à une bande de personnes âgées qui viennent rendre hommage à l’une de leur amie, décédée. Le thème de « vieux fourneaux » prend d’autant plus de sens lorsque l’on apprend qu’ils ont tous travaillé dans la même usine et ont montré un activisme syndical particulièrement important. Mais quand l’un d’eux pète les plombs lorsque le notaire dévoile certains secrets, ses copains se serrent les coudes pour lui éviter de faire une connerie.

Trois grands thèmes viennent se télescoper dans cette série. La vieillesse bien évidemment, mais aussi l’amitié et la lutte des classes. Au milieu de tout ça, la petite fille de Lucette vient apporter sa fraîcheur et son décalage par rapport à nos vieux bonhommes. Ces portraits sont plein de vie et cohérents, chacun ayant son caractère et, surtout, son histoire.

Dans cet album, chaque personnage est présenté de façon satisfaisante pour assouvir notre plaisir de lecture. Cependant, on sent que les auteurs en ont sous le pied. Ils savent éviter de produire trop de flashbacks inutiles et se concentre sur le présent. Sans être absolument le plus intéressant dans l’ouvrage, le fil rouge possède suffisamment de suspense pour nous donner envie de lire la suite. Mais ce sont bien les situations cocasses dues à l’âge des protagonistes qui font tout le sel du bouquin.

Au niveau du dessin, Paul Cauuet réalise un travail remarquable. Bien aidé par une couleur qui met en valeur son trait, il croque des personnages semi-réalistes souvent proches de la caricature. Son dessin est à la fois riche et dynamique et le dessinateur excelle aussi bien dans les dessin des personnages que des décors. Une véritable découverte !

« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinée parfaitement réussie. Doté de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adapté, elle aurait pu être un one-shot percutant. Mais les auteurs ont préféré en faire une série. Espérons que la suite saura confirmer les qualités de ce premier tome drôle et attachant.
belzaran
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 oct. 2014

Critique lue 394 fois

4 j'aime

1 commentaire

belzaran

Écrit par

Critique lue 394 fois

4
1

D'autres avis sur Ceux qui restent - Les Vieux Fourneaux, tome 1

Ceux qui restent - Les Vieux Fourneaux, tome 1
hedgehog
9

quand le temps n'atteint pas les convictions !

"Vous êtes inconséquents, rétrogrades, bigots, vous avez sacrifié la planète, affamé le Tiers-Monde ! En 80 ans, vous avez fait disparaître la quasi-totalité des espèces vivantes, vous avez épuisé...

le 16 janv. 2015

17 j'aime

7

Du même critique

Shangri-La
belzaran
5

Une critique du consumérisme caricaturale

« Shangri-La » avait marqué l’année 2016. L’album de Mathieu Bablet, lourd de ses 220 pages, proposait une couverture racée et intrigante et une science-fiction de qualité. Devant les promesses,...

le 13 déc. 2017

45 j'aime

2

Le Chemisier
belzaran
4

Quelle vacuité !

Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...

le 22 févr. 2019

38 j'aime

L'Âge d'or, tome 2
belzaran
7

Une impression d'inachevé

Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...

le 24 févr. 2021

23 j'aime

1