
La dernière saga du scénariste Wilfrid Lupano et, accessoirement, un vrai petit bijou.
Le tome 1 est surtout là pour planter le décor, présenter les « vieux fourneaux » et lancer l’histoire. Le tome 2 qui vient de sortir… on verra, je viens de l’acheter.
Qui sont ces vieux fourneaux ? Trois septuagénaires, dont un – Mimile – qui végète dans sa maison de retraite, un autre – Pierrot – qui fait du « terrorisme situationnel » avec un groupe de non-voyants anarchistes nommés les « Ni yeux, ni maître » et un autre – Antoine – qui vient de perdre sa femme. L’occasion de réunir les trois compères, sains d’esprits sinon de corps.
L’élément déclencheur est une lettre, de la défunte, faisant une révélation qui envoie le groupe sur les routes jusqu’en Toscane. Accompagnés de la petite-fille (enceinte) de la grand-mère défunte et d’Antoine, c’est une excursion dans le passé sous fond de lutte des classes et de choc des générations.
Et c’est là toute la puissance des vieux fourneaux. Honnêtement, vous en connaissez beaucoup des BDs qui ont des vieux pour héros ? Ces trois vieux-là ont un concentré comique et une force de caractère qui forcent le respect. Bien sûr, il y a de l’émotion, de la tendresse, toussa, toussa… et zéro mièvrerie.
La réussite des vieux fourneaux n’aurait pas été possible sans la beauté du dessin, plein de petits détails, génial sur les personnages (suffit de regarder la couverture) et magnifique sur les couleurs… ainsi que la force tranquille du scénario et la virtuosité des dialogues. Parce qu’il faut quand même avouer que le Wilfrid Lupano a le sens de la formule ! Si la suite est du même acabit, on tient là un condensé de répliques à la Audiard.
Tout de même, un reproche à ce premier tome. Je me suis creusé la tête pour en trouver un, et le seul qui m’est venu concerne la longueur de la BD. Beaucoup trop courte. Voilà.
Et deux citations prises – bien sûr – totalement au hasard :
- Ben ça y est, on a déjà une heure de retard. Tout ça pour te trouver des nippes d’après-guerre.
– Ben heureusement que M. Padoux m’a dépanné hein…
– Une pelure en couille retournée et un falzar trop court, j’appelle pas ça du dépannage. Si on croise la police du bon goût, on est bons.
- Il avait pas des vues sur Lucette, en son temps ?
– Tout le monde avait des vues sur Lucette, en son temps, non ?
– Faut reconnaître qu’elle était sacrément bidochée, la garce.