Deuxième baffe

Après le retour inespéré et tout à fait réussi du groupe avec son album sans nom en 2019, Rammstein revient avec son successeur, à peine 3 ans plus tard. Une rapidité bienvenue à comparer aux dix ans ayant séparés les deux précédents efforts du groupe. Les attentes sont moindres, du fait de ces délais plus raisonnables, mais bien présentes. En effet, aux dix ans d'absence s'ajoutait le fait que LIFAD, sorti en 2009, était leur opus le plus inégal, bien que comportant de très bons morceaux. Or, la franche réussite du petit dernier augmente la peur de la déception. Mais autant le dire immédiatement, il n'en est rien du tout.

Zeit est un album qui conserve complètement l'essence du groupe, avec ses guitares acérées, son clavier omniprésent, son sens de la mélodie, son alternance entre bouffonnerie grand guignolesque, morceaux plus sérieux et ballades efficaces notamment. Cependant, il réussit à surprendre l'habitué du groupe par certains de ses choix, et il est très plaisant de voir ces mecs de 60 piges, et 30 ans de carrière ne pas s'enfermer dans une caricature d'eux même et de continuer à explorer de nouvelles voies, et de faire ce qu'ils ont envie de faire pour leur son.

L'album s'ouvre sur trois morceaux plutôt calmes (tous trois excellents, le premier encore plus), même si Armee der Tristen s'avère plus énergique que Zeit et Schwarz, et annonce l'ambiance globale de l'album, qui sera moins immédiat que son prédécesseur, posant une ambiance plus mélancolique, plus dépressive presque, en explorant la thématique du temps lui donnant son titre. On sortira quelques instants de cette ballade à l'ambiance singulière au travers de deux morceaux "pussy style" bien beaufs et plus légers (le dispensable OK, et le beaucoup plus fun Dicke Titten et sa fanfare pouet pouet gros nichons se superposant à un bon riff bien lourd et un pré refrain bien couillon), mais elle restera bien présente durant tout l'album, avec les superbes Meine Tränen, et Lügen (et son improbable, mais pourtant réussi et pertinent usage de l'auto tune), et la sympathique Adieu en guise de clôture.
Zick Zack, Giftig et Angst se permettront d'apporter une touche plus énergique à l'ensemble, et de façon très réussie, particulièrement pour la dernière et son côté tribal et agressif.

Je ne suis pas un spécialiste du son, je ne pourrais donc critique pertinemment l'ensemble, mais en ayant pu écouter l'album à une session cinéma Dolby Atmos, et avec un très bon casque le reste du temps, ça me semble très bien produit et les guitares m'ont parues un peu plus mises en avant que sur le précédent.

Au niveau des clips j'ai trouvé Zeit excellent, tout comme la chanson, et j'aime sa thématique. Zick Zack est plus léger, et fonctionne pas mal. Concernant Angst, le propos de base est assez basique (ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose), mais j'ai adoré son aspect visuel, agressif et violent (l'espèce de haka des cheerleaders en rythme avec la guitare, les costumes des musiciens, l'imagerie générale...).

Pour ma part, il faudra bien évidemment digérer l'album et voir avec le recul, mais je le trouve actuellement supérieur à celui sorti en 2019, et à d'autres de leur disco. Ce que j'espérais être un album sympa s'avère donc être un très bon album, et je ne peux que me réjouir de cela. Il ne ferait pas tâche comme album de fin de carrière si rien n'arrivait plus derrière, et je pense qu'il gagne vraiment à être écouté plusieurs fois pour une appréciation juste de l'ensemble.