Je me suis dit qu'aujourd'hui était le bon jour pour écrire sur un album que je n'ai jamais cessé d'écouter depuis dix ans. J'ai toujours une petite chanson du deuxième album de Placebo quelque part dans ma playlist, un petit reminder de l'adolescence, de ces étés infinis, mon côté nostalgique.

Les cloches sonnent le début de Pure Morning et son fameux "A friend with weed is better", une mélodie de lendemain de cuite, quand la rosée ensoleillée du matin joint les sourires sans gêne. Cette première chanson fut d'ailleurs l'hymne des fins de concert du groupe anglais pendant un bon bout de temps. Dans Pure Morning sont développés les thèmes de l'album et même du groupe : sexe et drogue. La suite donne le ton avec Brick Shithouse, son intro nasillarde, comme la voix si spéciale de Molko. Elle me rend un peu gay. Le riff improbable de Molko s'enroule autour de la basse d'Olsdal, sans pause, on monte on descend, "Lay him down, lie on". La prétendue guillerette You Don't Care About Us entame les aspects dépressifs des lyrics placebiens. La chanson reste bien carrée, la guitare envoie quelques échos avant le pont et ses rimes bien connues, Molko utilise les qualités de voix tremblantes pour tenir sa prose face aux riffs enlevés. Cette chanson m'avait inspiré le fameux "Mental masturbation". Après tous ces ébats musicaux, Ask For Answers est une petite balade, pas non plus super gaie, une clope après l'amour. S'ensuit Without You I'm Nothing (WYIN), ah ce WYIN, ce foutu WYIN. Forcément, le titre est badant. Mais le bad chez Placebo, c'est pas une petite ballade tristounette. Le riff, à la fois doux et assommant, fait passer les heures, "Tick Tock", avant ce poème, "I'm unclean a libertine...", délicat après une rupture. Pour plus d'effet, on peut écouter le duo avec Bowie ou How To Disappear Completely de tête de radio, histoire de s'achever. La guitare pleure, le fond du trou. Allergic vient après, plus entraînante, presque brutale dans cet album bipolaire. Même si je pense que mon anglais n'est pas mauvais, je n'ai jamais rien compris aux paroles, ça parle de lumière je crois, une onde d'espoir après WYIN ? N'empêche, j'aime beaucoup le jeu de Brian sur ce titre, soutenu par une basse assez grasse. Mais bon, les chansons joyeuses ne durent pas longtemps et la rechute et d'autant plus forte. The Crawl annonce la couleur, "It takes the pain away", chanson qui n'a pu être faite que par un groupe glissant, suinteux et glauque comme Placebo. Every You Every Me est l'un des titres les plus connus du trio, popularisée par un film qui parle d'intentions sexuelles. La chanson suit les principes d'un titre en puissance et dénote un peu par sa structure classique, tubesque. L'album parle de sexe et de drogue et dans les paroles de My Sweet Prince, le groupe fait l'amour à la drogue, "Never thought you'd fuck with my brain". Une sacrée descente. Summer's Gone, encore un jeu avec les mots, les paroles ne sont pas écrites à la légère dans ce deuxième opus et les figures de style desservent la musique, "Cue to your face so forsaken". Il manquait bien un peu de nostalgie après avoir bien badé. Ah, les premiers accords de Scared Of Girls, quel pied, dommage qu'elle soit si rare en live. Ce refrain, c'est un peu comme une baston entre une guitare sinueuse et une batterie rageuse. Un riff une nouvelle fois bien sympa, assez improbable, joué presque trop vite sur scène, "Careenin'". La chanson finale de cet album, Burger Queen, m'a toujours fait marrer, les textes sont cons. Le titre reste sympa, "Hey you", on s'en souvient bien, un brin de souvenirs. Et puisque certains groupes aiment bien les chansons cachées, Placebo a placé 10 minutes après Burger Queen leur titre certainement le plus démoniaque de leur discographie. Molko enfourche la basse de guerre et le groupe sort une chanson bien barrée, avec un Steve Hewitt féroce, aux lyrics flippants, "And stuff it in my mouth". Passé la moitié de la chanson, le riff s'accélère avant de jouir plusieurs fois dans les Larsen, clairement une chanson pour faire l'amour en latex.

Il y a dix ans, Placebo n'était pas du tout le groupe qu'on entend à la radio aujourd'hui. Without You I'm Nothing est spleenesque, punk, pop et rock, une bombe à la fin des années 90 ou tout le monde découvrait l'électro. Les chansons sont éjaculées, tout comme cette critique, maturée après dix ans de masturbation cérébrale. Bandant.
Pseek
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le 16 nov. 2012

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