Voices
7.8
Voices

Album de Vangelis (1995)

Trois ans sans nouvelles. Depuis le triomphe de 1492, Vangelis a disparu de la circulation. Il n'a sans doute pas été inactif pour autant, mais son investissement musical ne s'est concrétisé par aucune parution officielle. Son retour avec Voices est donc tout sauf anodin. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que, dès les premières secondes, les fans en attente sont largement servis.


Le morceau éponyme qui fait office d'ouverture est en effet l'un de ces hymnes monumentaux dont Vangelis a le secret. Dans la lignée du thème principal de 1492, en encore plus puissant si c'est possible. Construit sur une progression sonore facile mais d'une efficacité implacable, "Voices" grandit par strates successives, qui épaississent la composition sans jamais l'étouffer, lui donnant un caractère triomphal qui soulève l'enthousiasme de l'auditeur. Cordes, chœurs, cloches, cuivres, timbales rutilantes, percussions entraînantes, cymbales explosives ; plus des basses, séquences et autres apports synthétiques : c'est tout un orchestre symphonique et électronique qui est convoqué durant sept minutes pour renverser les enceintes de la chaîne audio.


Après une telle entrée en matière, qui laisse quelque peu K.O., l'album aurait pu sombrer tout entier. Mais Vangelis est un malin. Histoire de nous laisser nous remettre de nos émotions, il enchaîne avec un morceau lent et répétitif, construit sur une séquence qui tourne en boucle durant cette fois 8 minutes, sur laquelle le compositeur brode en douceur sur le thème de l'ouverture.
Isolé, ce deuxième titre pourrait manquer de nerf et d'originalité ; tel qu'il est placé, son écriture est idéale, et permet de passer à la suite. En l'occurrence, la première des trois chansons que compte l'album.


Car Voices ne porte pas ce titre par hasard. Il est même très représentatif de la fascination récurrente de Vangelis pour la voix humaine, et la manière dont on peut la décliner en musique.
Les trois chansons, composées sur un tempo assez lent, représentent des variations expérimentales sur le sujet. Honnêtement, j'ai tendance à écouter les deux premières, "Come to me" et "Ask the mountains", d'une oreille distraite, même si le travail vocal vaut la peine de s'y arrêter. La manière de faire intervenir la voix comptant davantage que ce qu'elle raconte.


La troisième, "Losing sleep (Still, my Heart)", est plus classique, mais placée dans la foulée de "Prelude" avec lequel elle s'enchaîne avec fluidité, et articulée autour d'une jolie progression d'accords, elle s'intègre à la perfection dans une deuxième partie d'album qui joue plus ouvertement la carte de l'émotion, soit tout en retenue ("Prelude", "Dream in an Open Place"), soit avec énergie ("Messages", rythmé par une nouvelle séquence répétitive, soulignée d'une ligne rythmique sèche et obsédante).


En fait, ce que je disais plus haut sur le manque d'intérêt que pourrait représenter une écoute isolée du morceau "Echoes", est valable pour tout l'album. La puissance de Voices tient à la cohérence de sa composition globale, à l'articulation des morceaux entre eux, à l'épaisseur que leur association constitue peu à peu.
Le disque exige presque d'être écouté de bout en bout, sans interruption, et attend de l'auditeur qu'il s'y laisse glisser sans retenue, pour apprécier à sa juste valeur le long voyage émotionnel auquel il invite, depuis les montagnes russes du titre d'ouverture jusqu'à la délicatesse mélancolique du piano résonnant dans la conclusion.

ElliottSyndrome
9
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Créée

le 29 mars 2020

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ElliottSyndrome

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Voices
jesuisici
7

Critique de Voices par jesuisici

Ces voix sont un peu saoulante et on sent un tournant chez Vangelis qui ne fera que s'accentuer dans les voix.

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