Interminable

J'ai aucun souvenir de The Getaway alors je ne vais pas m'amuser à comparer ce nouvel album à l'opus précédent. Je crois que je n'ai tout simplement pas écouté l'album dans son intégralité à sa sortie, une erreur qu'il va falloir que je corrige prochainement.

Unlimited Love donnait l'eau à la bouche dès son annonce. Retour de John Frusciante à la guitare, 17 titres et une durée qui frôle les 1h15...

Pourtant, l'écoute de l'album est quasiment un supplice. Le groupe a tenté une nouvelle approche tout à fait respectable avec ce disque, étendre des idées vraisemblablement expérimentées au cours de bœufs entre les zikos et en faire des chansons. Pour moi c'est dans cette entreprise que le groupe se foire avec cet album, mais comme c'est un grand groupe à succès, on les laisse faire ce qu'ils veulent. Rick Rubin n'est pas vraiment réputé pour guider les artistes avec lesquels ils travaillent. En effet, les gars de Slipknot gardent un très mauvais souvenir de leur collaboration avec le célèbre producteur et il suffit d'écouter Death Magnetic de Metallica pour ressentir ce sentiment de "trop-plein". Au contraire il laisse plutôt les artistes se débrouiller, et pour moi ce qui manque à Unlimited Love c'est cette direction. Il fallait assumer et dire au groupe que leurs morceaux durent trois plombes de trop et que c'est ennuyeux à en crever. On retrouve aussi sur l'album la faiblesse principale que l'album I'm with You avait, à savoir des parties de synthé à la bonne odeur de Bontempi qui viennent se greffer aux morceaux.

Prenons Poster Child. Deuxième single de l'album, des parties de guitare assez chouette, une basse qui ronronne bien et s'accorde parfaitement à la batterie, un joli refrain, sur le papier c'est extra. Alors pourquoi on part sur des couplets qui durent beaucoup trop longtemps sur un ton monotone ? Pour que ça donne un morceau infect de 5 minutes alors que s'il en avait duré 3 ça aurait été l'un des meilleurs morceaux des Red Hot depuis près de 15 piges ? À la place on se retrouve avec de la musique de fond pour un bar lounge lambda.

Et puisqu'on parle de single, Black Summer était lui aussi déjà trop long. Pourtant du côté de la guitare c'était énorme. Les arpèges sur les couplets sont magnifiques et le solo est impeccable. Mais j'ai depuis la première écoute cette sensation qu'il y a un couplet de trop.

Je pense que ça vient essentiellement d'une approche plus minimaliste de la musique du groupe. La guitare ne sert que d'arrangement et on se centre beaucoup plus sur le trio basse-batterie-voix. Seulement comme les mélodies au chant sont peu inspirées et répétitives, ça ne rend pas service au travail à la basse de Flea qui est un peu plus conventionnel qu'à l'accoutumée et à la batterie qui est aussi répétitive que le chant. Le groupe est pourtant réputé pour son équilibre entre la guitare et la basse qui forment un tout dévastateur et donnent lieu à de sacrés morceaux. À la limite pour le tempo souvent lent des morceaux, ça ne me pose pas tellement problème. De mémoire, le peu que j'ai entendu de The Getaway c'était pas hyper pêchu non plus.

Pourtant, les musiciens ont toujours de la ressource. La guitare sur White Braids & Pillow Chair c'est très joli, le solo avec le son de fuzz bien gras sur She's a Lover c'est cool à souhait, One Way Traffic m'a donné l'impression que le groupe se réveillait un peu et on retrouve cette jolie dynamique entre guitare et basse qui me plait tant chez les Red Hot.

Quant à Flea, c'est dommage de le voir se perdre dans des lignes de basse relativement convenues quand on connait le talent du monsieur, mais il y a quand même quelques moments d'éclat comme sur ce Let 'Em Cry longuet mais pas désagréable avec sa partie de trompette en bonus.

C'était un risque à prendre en sortant un album long et malheureusement les Red Hot ont foncé droit dans le piège qu'un tel pari leur tendait : c'est indigeste malgré quelques belles idées.