
Deux albums en un ! Le premier est la présentation de quatre titres du Floyd en concert, première galette de ce genre dans la carrière du groupe. Tandis que "Astronomy Domine" y apparait dans une version longue qui vaut véritablement le coup, "A Saucerful of Secret" ne propose pas de grands changements, alors que les possibilités d'improvisation étaient juste énormes. "Careful with That Axe, Eugene" n'était déjà pas ma tasse de thé en version studio, rien ne change ici. Enfin, "Set the Controls for the Heart of the Sun" propose un agréable moment, un peu plus planant que la version originelle. Un album live sympathique mais clairement pas indispensable, à part pour sa version d' "Astronomy Domine".
Ensuite le CD studio... Il s'agit d'un concept-album volontairement à l'opposé de la notion habituelle. Ici, pas d'histoire qui coulerait le long des pistes mais plutôt une expression de l'individualité de chaque membre du groupe, appelé à composer une dizaine de minutes de musique seul dans son coin. Comme si, à présent définitivement privé de son ancien leader Sid Barret, le groupe se cherchait une nouvelle cohérence dans l'éclatement et le chaos provisoire. Intellectuellement stimulant, le résultat artistique en laissera cependant plus d'un dubitatifs... dont votre humble serviteur.
La partie de Wright, Sysyphus, est une pièce limite dodécaphonique qui fait la part belle à un piano aussi expressif que terrifiant. Le résultat est particulièrement crispant, malgré quelques touches d'harmonie. On saluera toutefois l'intelligence narrative du claviériste qui illustre bien le mythe grec.
Waters reste quant à lui bloqué dans sa folk un brin neu-neu depuis "More" (mais quand même agréable et rafraichissante) et bouche les trous comme il peut avec une suite de sons ridicules qui, je dois l'avouer, m'ont fait sourire en même temps qu'ils m'ont explosé les tympans. Sans doute un joli travail technique mais le tout se révèle rapidement emmerdant à écouter.
La meilleure partie (selon moi) vient ensuite, et c'est Gilmour avec sa "Narrow Way". Deux instrus (une à la guitare accoustique et l'autre à la basse) et une chanson douce-amère aux paroles plutôt bien trouvées pour quelqu'un qui n'avait jamais écrit auparavant. L'ambiance est excellente et donne véritablement l'impression d'un voyage éreintant qui peut mal tourner à tout moment à cause de démons intérieurs. Cependant, si les couplets sont très bien chantés, j'ai plus de mal avec le refrain et sa voix de fausset agaçante...
Enfin, Mason n'offre pas vraiment ce qu'on attend d'un batteur avec son "The Grand Vizier's Garden Party". S'il s'agit bien d'un solo de batterie, le rythme est complètement syncopé, trituré et frelaté par des effets expérimentaux qui rend le tout incroyablement mou, à l'exception d'une brève montée en puissance vers la fin. Décevant.
Tout comme l'album, en général. Si Pink Floyd profite de cet "Ummagumma" pour exposer toutes les futures pistes qu'il empruntera à l'avenir (mais c'est bien caché, hein...), l'expérimentation forcée devient toutefois pénible lorsqu'elle est prolongée un peu trop longtemps. Une oeuvre inspirée ? Je dirais plutôt une Oeuvre au Noir, procédé alchimique de la dégradation qui précède forcément la renaissance...