Turbo
7.8
Turbo

Album de Cory Wong et Dirty Loops (2021)

Dirty Loops/Cory Wong et le Jazz Fusion

Je n'ai jamais été un grand fan de Dirty Loops, principalement parce que je ne suis pas fan du chanteur, sans pour autant le trouver mauvais bien au contraire. Il est excellent, chante juste, mais j'ai un blocage purement subjectif à son sujet. Par exemple avec Rock You qui est leur morceau le plus populaire, je l'ai en horreur.
Mais malgré ça, j'ai conscience que les instrumentistes du groupe sont tous géniaux, rien de bien étonnant quand on voit qu'ils ont été adoubé par ni plus ni moins que le Dieu de la musique Monsieur Quincy Jones. D'ailleurs le chanteur Jonah Nillson a même fait un feat avec Richard Bona un des plus grands bassistes de tous les temps. C'est dire la qualité de ces musiciens.


Pour rentrer dans le détail de l'album, moi qui n'appréciais pas le chant de Jonah Nillson, j'ai été heureux d'entendre que la plupart des morceaux étaient en instrumentales, j'ai tout de même grandement apprécié les morceaux avec chant.


Ce groupe s'est toujours revendiqué comme étant des Jazz Fuzionneux, on l'entend parfaitement dans leurs albums, mais là c'est vraiment de la grosse Jazz Funk comme j'aime, du slap, une basse-batterie aussi dure que l'acier trempée, les voicings du pianistes et on rajouter à ça, les cuivres pour les pêches, que la batteur reprendre parfaitement pour faire exploser le tout sans oublier le génial Cory Wong qui avec son cocotte Funky, donne un ensemble totalement fou.


Ce qui est bien avec Dirty Loops, c'est que leur musique reflète immédiatement leurs influences sans jamais les singer. Par exemple, on entend parfaitement les influences de Michael Jackson sur le chanteur avec les petits "hee-hee" dans Follow The Light, même dans sa façon de chanter globalement. J'ai même l'impression, peut-être à tort, que le batteur Aron Mellergård a réglé sa snare pour que son poum tchack puisse sonner comme celui de Jonathan Sugarfoot Moffett.
Chez le bassiste Henrik Linder, j'ai l'impression d'entendre des influences de la Fusion des années 80, avec des groupes comme Tribal Tech ou les Brecker Brothers, et donc globalement l'influence de Gary Willis. Mais je pense tout de même qu'il doit écouter toute la discographie de Marcus Miller et Victor Wooten.
Avec la venue de Cory Wong sur cet album, j'ai même parfois l'impression d'entendre du Tower of Power.


Parlons des morceaux les uns après les autres :



  • Turbo (9/10) : Mon morceau favori de l'album. Comme je l'ai écris plus haut, de la bonne grosse Funk Fuzion, le thème joué par les cuivres, les cocottes de guitare, le Slap, rien à redire. Le break à la fin du thème où tout le monde joue la même chose pour ensuite revenir au début de la grille, une explosion orgasmique ! Puis pour reprendre les codes du Jazz, après le thème, c'est l'impro, solo de Sax au top, puis petite transition pour aller vers un solo de bass, puis on reprend le thème et à la fin de la grille, on triple le break, un peu l'image d'un The Chicken ou même d'Isn't She Lovely sur certains lives.


  • Ring of Saturn (8/10) : Encore du Jazz Fusion, mais cette fois c'est du Latin Jazz. J'ai même l'impression d'entendre une version revisitée/jazzifiée de Liberian Girl, les percussions en fond très latin, la flûte traversière en mib instrument très caractéristique du Latin Jazz avec ce son que je qualifierai d'afro cubain, morceau beaucoup plus posée que les deux premiers. Cette fois, on ne met pas l'accès sur l'explosion Funk et une rythmique accélérée mais plus sur la couleur des accords et des notes. Ce morceau nous fait littéralement voyager. Excellent solo de Michael Nelson à la flûte.


  • Hardtop (8/10) : On revient sur l'essence de Dirty Loops/Cory Wong, à l'instar de Turbo, de la grosse Fuzion Funk, avec un thème ressemblant énormément à ce qu'a pu faire Vulfpeck. La basse-batterie toujours impeccable, cette fois pas de slap, sans doute pour éviter de prendre trop de places, la guitare et les cuivres sont bien plus mis en avant. Les légers accords en fond de Jonah Nillson ne sont pas absolument pas à négliger, au contraire, ils accompagnent parfaitement le thème joué par les cuivres, la guitar et la basse. Savoir se mettre en retrait pour jouer un rôle dans l'ombre c'est aussi ça être un musicien.


  • Hästråtta (8/10) : Encore une fois, l'influence de Cory Wong a énormément joué sur le tout. On sent les accents funk Vulpeckien. Entre deux parties de Funk Fuzion, une transition beaucoup plus posée avec des chœurs, des nappes jouées par le clavier, puis c'est reparti pour groover salement (dans le bon sens du terme) ! Puis c'est parti pour les solos. Comme attendu, Cory Wong n'est pas un grand improvisateur, les couleurs qu'il va chercher sont assez limités, mais rythmiquement il est vraiment excellent et arrive à parfaitement compenser pour donner un solo parfaitement respectable. Excellent solo de Saxophone Baryton joué par Grace Kelly, excellente musicienne (comme tous les autres d'ailleurs) mais j'ai une affection toute particulière pour elle que j'ai connu avec les vidéos de la chaîne YouTube "Studio Jams" il y a 6 ans.


  • Thriller (8/10) : J'ai en général beaucoup de mal avec les reprises de Michael Jackson, car faire du Michael c'est souvent essayer de le singer et faire moins bien à coup sûr, mais Jonah Nillson est un excellent chanteur, son style se rapproche de celui d'MJ donc la reprise n'a rien d'honteux bien au contraire. J'ai l'impression d'entendre une version de Thriller d'un live des années 80 quand Michael avait les musiciens de Quincy Jones à sa disposition. Il suffit d'aller voir les lives à Yokohama et Wembley pour voir ce que pouvait donner Michael Jackson avec des musiciens de Jazz Fusion, et bien c'est exactement la même chose, avec un degré moindre au niveau du chant mais qui fait parfaitement le taff, et une recherche musicale plus poussée. On a vraiment là une version Jazz Fusion dans le sens où le morceau est progressif et évolue au fur et à mesure. On a une première partie très classique jusqu'à 3:10 où Dirty Loops se sert très intelligemment de la fin présumée du morceau pour nous emmener vers un autre univers, avec les cuivres, la flûte qui prennent une place plus importante. Reprise très intelligente, qui ne manque absolument pas de respect au morceau d'origine bien au contraire.


  • ZAP (8/10) : Okay on en est là. Reprendre le son du Sax de Miles Davis. On sent très très clairement l'influence des albums de Fusion de Miles Davis tel que Tutu. On croirait même entendre un thème de Miles Davis. Très funky, très fusion, comme la majorité de la discographie, les solos sont bons, chacun fait son boulot et le fait bien.



Globalement un album réussi mais il manque quelque chose que ce dernier puisse devenir vraiment marquant, je pense que dans quelques années les amateurs de Jazz Fusion l'auront oublié, malgré cela il faudra compter sur eux pour le futur du Jazz Funk.

Kuruda_S
8
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le 18 sept. 2021

Critique lue 262 fois

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