Tubular Bells
7.6
Tubular Bells

Album de Mike Oldfield (1973)

Qu'est-ce qui me fait revenir inlassablement vers cet album mythique ?


Peut-être une impression de ne jamais en avoir fait le tour, tout comme on ne pourra jamais faire le tour d'une montagne, car oui, j'ai cet album et son concepteur en grande estime ... il n'a que 17 ans lorsqu'il compose cet opus, son premier si l'on excepte sa participation pour l'album folk qu'il a réalisé avec sa soeur deux années auparavant sous le nom de "SallyAngie" ... de plus il jouera de presque tous les instruments, jugez plutôt : guitare acoustique, guitare électrique, guitare fuzz, basse, mandoline, orgue Farfisa, orgue Hammond, orgue Lowrey, Grand piano, piano bastringue, glockenspiel, percussions, timbales, cloches tubulaires, flageolet, chant, sans compter qu'il est ingénieur de son propre album, rien que ça ! ... il se fait quand même accompagner de Tom Newman à la guitare acoustique, de Lindsay Cooper à la contrebasse, de Jon Field aux flûtes, de Sally Oldfield et Mundy Ellis au chant, de Steve Broughton à la batterie et du "Nasal Chorus" et du "Manor Choir" aux choeurs, sans oublier Vivian Stanshall comme Maître de cérémonie sur la fin de la face 1.


Après toutes ces présentations il est temps de vous servir le plat, je vais une fois de plus, me plier à l'exercice des "réactions à chaud" pour vous donner mes impressions en direct de l'écoute simultanée :


Dès l'entame de la face A, je suis directement happé par le thème si connu de "l'Exorciste" ... il est tellement efficace ... malgré qu'on l'ait entendu des milliers de fois on ne s'en lasse pas ... puis il y a cet effet de profondeur, d'une percussion en écho qui vient se superposer aux sons métalliques et un piano tout en douceur ... une véritable alchimie ... et cette guitare qui vient sublimer le tout ...


Même si on est bien dans les années 70, cet ambiance bucolique est des plus réjouissantes ... la guitare électrique colle à l'oreille ... on monte en degrés avec une mandoline toute espagnole, une guitare acoustique venant donner un contrepoint à l'ensemble, ces petites clochettes métalliques bienvenues ... et ce piano avant de passer à la deuxième étape avec une guitare basse donnant le tempo, et dire qu'on n'en est qu'à environ 6 minutes d'écoute ...


D'un rythme profond à une ritournelle lancinante ... on passe allègrement de l'un à l'autre sans broncher, le plus naturellement du monde, c'est d'ailleurs cela qui fait toute la magie de cette musique, véritablement composée d'éléments hétéroclites qui vous entraîne sans que vous puissiez vous repérer dans ce labyrinthe, il suffit de se laisser guider et la joie demeure ...


Passant d'une ambiance claire à une ambiance plus sombre instantanément, même simultanément par moments, c'est indémodable ... et toujours ces sons qui collent à l'oreille, un travail d'ingénieur du son conséquent ... Et hop, on augmente le tempo à la guitare, overdub de guitare (pour l'époque, c'est révolutionnaire), puis enfin les cloches tubulaires annoncées et une guitare acoustique bienvenue, et on reprends le rythme presque dansant, la guitare au son collant, répétitive, mettant l'écoute sous tension ... suspense grandissant, synthé en arrière-fond, et l'annonce par le Maître de Cérémonie des instruments venant parachever l'ensemble en apothéose avant de calmer le jeu avec des choeurs célestes et une guitare acoustique bienveillante des plus agéables ... douceur.


Et on peut entamer la face B ... dès le début une ambiance digne du "Rock Bottom" de Robert Wyatt ... on reste dans la douceur et les voix célestes ... un leitmotiv auquel vient s'ajouter le trémolo de la mandoline que l'on a déjà entendu sur la face A ... c'est presque de l'ordre de la berceuse, en tout cas reposant et limpide contrairement à la tourmente de la première face ... on colle plus à l'image du ciel de la pochette, alors que la face A seraient les vagues, enfin, c'est une interprétation personnelle qui vaut ce qu'elle vaut ...


Un orgue flûté (toujours Robert Wyatt qui me revient en tête, il utilisera ce son de synthé de manière récurrente dans ces albums) ... je plane ... j'ai la chair de poule, vrai de vrai et ces voix et ce trémolo de mandoline, aieaieaie, irrésistible .... et puis cette guitare et puis cet air celtique, implacable, percussion lancinante efficace, on y est en Ecosse, et tant pis pour le cliché, c'est tellement bon ce voyage ...


Cornemuse synthétique et percussions en crescendo et voilà notre voix des cavernes, gutturale, presque comique, bafouillante par moments qui vient casser le sérieux de l'ensemble, il nous prouve là qu'il n'a pas froid aux yeux, se moquant des conventions, n'ayant qu'une envie : de nous surprendre ... le tout entrecoupé d'un solo de guitare efficace ... cri de loup pour terminer enchaîné par un son d'orgue très souvent employé à l'époque, le même qu'on peut entendre sur les premiers albums de Soft Machine, mais surtout cette ambiance "prog" typique que certains détestent tant, mais qui ici fonctionne à merveille, je ne sais pas pourquoi ... sûrement parce qu'il vient s'insérer dans un ensemble plus grand, comme une carte de plus dans un jeu avec tellement d'atouts ... faut dire que le sieur sait comment manipuler une guitare et nous la servir pour qu'on y prenne goût ...


C'est atmosphérique, toute cette face est atmosphérique jusqu'au morceau final qui vient tout balayer d'un revers de main ... morceau epileptique à souhait ...


La messe est dite !

Créée

le 15 oct. 2017

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PiotrAakoun

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