Tubular Bells
7.6
Tubular Bells

Album de Mike Oldfield (1973)

     Part 1 : Répétitions. Kyrielle d’instruments dont le piano, et la guitare acoustique qui ressortent. Des arpèges qui tournent autour d’un thème qui évolue lentement, en révolution. Il tourne sur lui-même le thème. Donc répétition. Totalement instrumental, et totalement cool. Si vous vous attendez à des ritournelles pop-rock, vous allez être plus que surpris. C’est tout le contraire. Certains, (pas fans )vont piquer du nez, je suis sûr. Ça traîne volontairement dans le sens de la longueur. Le métal est à l’honneur. C’est métallique. Son de cloches de bergers, clochettes, glockenspiel, orgue. Ça sonne comme à l’église. On croirait entendre des clochettes par milliers, c’est la cérémonie. Et plus tard, les chœurs entrent, et sont sagement alignés. De la musique pop pastorale. Pour oublier les fureurs du monde alentour. Et soudain, la guitare électrique entre en scène !!


   La distorsion rageuse réveille tout le monde. La mélodie devient floue et changeante, avec un paquet de timbres, toujours très « mécaniques », très son métal, brillance. Ceux qui sont allergiques aux timbres métalliques, ça risque de les énerver. Et puis arrive la fin de la première partie. Surprenante. Inventive par ses sonorisées, rarement utilisées dans ce genre.


   Le thème du départ, énigmatique, au glockenspiel. La  basse qui se fait discrète. L’orgue qui donne les pêches, et sert de percussion. Original. Et polyrythmique. Ça miroite beaucoup dans le clinquant caressé dans le sens du poil. Avec toutes ces notes percussives, on comprend qu’il n’ait pas besoin de section rythmique, mais le côté « raide » se fait sentir de temps en temps. On sent le non dit, le côté entre deux écoles. Je suis pop, en même temps je vole plus haut que pop, je suis solennel, je suis savant. Et quand la guitare électrique surgit, ça fait presque bizarre. On a comme envie de dire:


 « Ooh ! Qu’est-ce qu’elle fait là celle-là ? »


    Le lyrisme du compositeur, le dispute à l’apparente sécheresse des arrangements. La basse apporte un surplus de poids, mais elle n’est pas au centre ici. Aucune réelle assise rythmique. Et toujours cette sonorité très proche du froid, et du métal. Du rock métal, avec un xylophone passé au moule de la musique hippie. Peace. Assez personnelle cette musique, et peu accrocheuse. On entre dans un paysage un peu hors du temps, étrange, avec beaucoup de superpositions de matière et d’harmoniques. Clavecin plus chœur. Et ça finit presque comme du métal ! Mais ça ne durera pas. La partie II commence comme finit a partie I.


   Le mec a du talent, mais ses longues explications instrumentales sont soient trop (longues), soient trop décalées à gauche. Trop longues pour ne dire rien d’autre que leur éclatante rigidité, trop décalées à gauche pour sortir du  carcan de l’objet biscornu et exotique. Trop sérieux qui se prend au sérieux, ce disque. Pas tape à l’œil, mais élitiste un peu quand même. On dirait qu’il se plaît à développer un long récital, riche de psalmodies irlandaises ou celtiques, légèrement surannées avec le temps. Je trouve ça complètement daté de nos jours. Ce disque va plaire aux amateurs de vieilleries, qui brillent plus par leur originalité que par le contenu. Musique brillante et décorative, comme une musique de film, avec un minimum de suspense. Effacement du moi devant le mouvement perpétuel. Une vraie contradiction ambulante, de la pop intello. Et les chœurs, à la mode seventies, qui planent en l’air, comme à la recherche d’air pur. Et la guitare électrique avec  qui se confond avec une cornemuse, et une flûte, une percussion. C’est une danse écossaise qu’on a là ou quoi ? De la musique ethnique avant l’heure. On sent le métier. Les idées. Mais heureusement qu’il  y a aussi quelques pas de danses, pour nous donner un peu de courage. Un peu de sang, un peu de vie, dans les veines...


   Une World music sortie des entrailles de la terre. Elle ne va pas révolutionner le monde, mais seulement dire qu’elle est là…Et soudain un gnome, à la voix déformée par l’hydromel s’empare du micro, et hurle dans le lointain. Du chant et de la danse ; très cliché rock métal, dans le sens moderne du terme. Basse/batterie/ Disto. La totale. C’est donc là qu’il voulait arriver. Drôle de mélange. Le chanteur fait penser à un hurleur, qui se réveille d’une très longue léthargie. Tout ça pour ça. Retour à la réalité. Beaucoup d’efforts, de démonstration, de circonvolutions. Au lieu de m’hypnotiser, le solo de guitare électrique m’assomme. Et son copain l’orgue à côté, m’écrase. Comme si les hippies se la jouaient retour au folklore, retour au métier classique, finit la récréation.

Angie_Eklespri
6
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le 6 oct. 2016

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Angie_Eklespri

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