Il faudrait attendre plusieurs années pour voir l'impact qu'aura cet album sur le monde du hip-hop, qui à coup sûr restera ancré comme un classique, une résurrection. S'il avait déjà réussi son coup de maitre avec les sons sauvages et agréables de l'album précédent, il réside en ce second album, 'To Pimp A Butterfly', une richesse infinie à contre-courant de la facilité d'accès de 'Good Kid M.a.a.d City'. To Pimp A Butterfly est le résultat d'un travail immense, approfondi et qui se doit d'être écouter des dizaines de fois pour en comprendre toutes les subtilités et les références.

Si 'To Pimp A Butterfly' est un papillon, 'Good Kid M.a.a.d City' n'en était que la chenille. Il serait réducteur d'étiqueter l'album comme une simple suite. C'est une véritable métamorphose. Avec celle-ci s'accompagne des mélodies plus puissantes, plongées lyriquement dans les peurs de la société (l'injustice raciale, l'insécurité) et les émotions les plus fortes et dangereuses. L'opus prend de plus en plus forme au fil des titres, de la démence de 'For Free' au classieux de 'King Kunta' pour tomber dans une émotion diluvienne. En effet, la suite est grande, très grande. 'Thèse Walls', 'u' ou 'Institutionalized' posent Lamar dans un grand hôtel face à ses vieux démons. S'entremêlent alors des collaborations formidables (Snoop bordel, Thundercat), des inspirations prestigieuses (j'ai senti du Erykah Badu, du John Coltrane, du Sade...). C'est fait avec toute la concision possible, sans aucune prétention.

Kendrick revisite ensuite ses démons, différemment. Il utilise sa plus belle plume sur 'Momma' ou 'Hood Politics' qui sonnent comme des confessions authentiques et précieuses. Il a du trempé son stylo dans une encre sortie tout droit de l'univers d'Harry Potter. Les titres qui suivent ne manquent pas d'identité et suivent la complexité que ce voyage auditif spatio-temporel suscite. Complexe, surement, mais jamais lourd. Il mélange le hip-hop et la nu-soul sur des productions vertigineuses, en dénichant les morceaux de jazz les plus brillants. Les back vocals n'en forment qu'une, surpuissante. C'est également l'héritage de tout un univers funk qui est mis sur le long d'une table. Le titre 'i' fait figure d'arc-en-ciel et de réponse à l'agitation dont transpiraient les saxophones de 'u'. C'est après cela le voyage arrive déjà, malgré ses 67mins, à sa fin. Et quelle fin. Je ne saurais dire à quel point 'Mortal Man' est d'une intelligence et d'une efficacité folle, où Kendrick fait le point sur toute sa vie artistique, ses doutes et ses questions face à Tupac. Très émouvant.

'To Pimp A Butterfly' est un album qui provoque la pensée, pose les véritables questions auquel le hip-hop a parfois su donner la voix et donne des défis pour se sortir d'une détresse infinie. C'est une expérience que nous fait partager cet homme, Kendrick Duckworth. A faire partager à tous. JE NE VEUX PAS FAIRE MA AFIDA TURNER MAIS ON PEUX LUI DIRE MERCI À CET HOMME. Et puis cette cover quoi. Ce génie et cette écriture putain. Une belle pluie de grammy's à prévoir.
Eclxpse
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le 16 mars 2015

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