To Be Kind
7.5
To Be Kind

Album de Swans (2014)

Par Julien Bécourt

Aucun mot n’est assez fort pour décrire la sensation d’élévation que tout être normalement constitué devrait ressentir à l’écoute de cet album-monstre (deux heures et des poussières) qui fait l’effet d’un psychotrope surpuissant, au point de ressortir de son écoute la tête loin dans le cosmos et l’épiderme encore dressé. Ecouter To Be Kind, c’est consentir à un lâcher-prise total, à s’immerger dans le son dans une surenchère de volume. Mieux vaut être prévenu, on y prend claque sur claque comme un radeau dans l’océan face à des vagues de la taille d’un immeuble. Chez les Swans, pas question de tourner autour du pot ou d’arrondir les angles en minaudant, la musique est une expérience tellement intense et viscérale qu’elle annihile tout ce qui lui précède : le groupe testostéroné de Gira (dans lequel on retrouve l’impassible Norman Westberg à la guitare) atteint là un acmé de béatitude sonore et de charge émotionnelle, en particulier sur le morceau de bravoure que constituent les trente quatre minutes échevelées du dyptique Bring the Sun/Toussaint Louverture. Pivot central du disque, ce poème galvanisant vous happe de gré ou de force dans un tourbillon d’harmoniques hantées par la figure du Révolutionnaire haïtien et vous conduit, de ruades en spasmes, dans les parages du nirvana. Se déployant en mouvements par cascades sur le modèle des symphonies, la plupart des morceaux sont emmenés par un chaloupement de basse, une guitare slidée toute en saturation et des polyrythmies trépidantes (le groovy Screen Shot met aussitôt dans le bain). Entouré d’un chœur de voix féminines qui contraste par leur délicatesse (St Vincent, Little Annie, Cold Specks), Gira assène ses litanies où un amour à la fois compassionnel et objectivé (We fuck, we come, we love, we work, sussure-t-il sur She Loves Us) vient recoudre les plaies et faire barrage au cynisme comme à la mélancolie. Voilà une musique à laquelle on ne peut que faire corps: pleine, charnelle, puissante, aux harmoniques complexes et aux dynamiques implacables. (...)

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Chro
10
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le 15 mai 2014

Critique lue 641 fois

6 j'aime

Chro

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