The Olatunji Concert: The Last Live Recording (Live) par xeres

John Coltrane – The Olatunji Concert : The Last Live Recording (2001)


Voici l’album qui est souvent présenté comme le dernier concert de John Coltrane, enregistré le 23 avril mille neuf cent soixante-sept à l’«Olatunji Center of African Culture » à New York, pourtant, si c’est bien son dernier album, il y aura encore un concert, à Baltimore, le sept mai, qui lui sera véritablement l’ultime chant du cygne.


Cet enregistrement a été réalisé en vue d’une diffusion sur la station de radio locale de Billy Taylor, « WLIB ». C’est ce dernier que l’on entend lors de la brève introduction de ce concert. Coltrane se partage entre le ténor et le soprano, Pharoah Sanders joue également du ténor, Alice Coltrane est au piano, Jimmy Garrison à la basse, Rashied Ali à la batterie et Algie DeWitt au batà drum, un tambour en forme de sablier en provenance du Nigéria. On signale sur l’album la présence possible de Jumma Santos aux percussions.


Deux pièces sont jouées, « Ogunde » qui était le titre d’ouverture de l’album « Expression », et « My Favorite Thing » cette pièce fétiche que John a dénaturé au fil de sa vie, pour en faire une sorte d’hymne qui recueillait, au fil de son évolution, de nouvelles formes et de nouveaux atours, comme un témoin du temps qui conserve à chaque interprétation une nouvelle empreinte. Cette version démentielle frôle les trente-cinq minutes.


La qualité sonore de ce document est aléatoire. L’orchestre jouait au second étage de la bâtisse et une foule se présenta qui s’installa dans l’escalier et jusqu’à l’extérieur, si bien qu’une circulation se fit qui causa quelques nuisances sonores, obligeant l’ingénieur du son à d’incessants réglages, mais qu’importe le son pourvu qu’on ait l’ivresse !


De l’ivresse il y en eut, car le concert est bouleversant, fou, entre beauté ultime et tristesse majeure. De la créativité encore et toujours, comme si elle ne pouvait s’arrêter, grandir et s’épuiser dans le cri avant de renaître aussitôt. Comme s’il fallait que gagne la vie, malgré les cris et la douleur, l’épuisement qui gagne dans le secret du corps. Rashied Ali confie « Je n'ai toujours pas pensé qu'il était malade, parce que quand il a mis l’anche à sa bouche, il n'y avait pas d'hésitation, le feu était allumé à plein régime. »


Sans doute un peu sacrifié, comme d’autres, lors de cet enregistrement, Pharoah laisse entendre une réelle furia, avec une fougue qui se libère et s’emploie, avec une énergie féroce. Il faut bien accepter l’enregistrement tel qu’il se présente et profiter sans dépit de ce don qui nous est offert, et qui restera à jamais sublime.

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le 10 nov. 2022

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