
On le dit souvent : un grand film c'est d'abord une grande musique. Ici, la musique est tout simplement immense. Non content d'avoir composé parmi les plus célèbres bandes originales de films, Ennio Morricone ici a franchi, selon moi, une nouvelle dimension. Plus que l'épique, plus que la calvalcade des western de Sergio Leone, il touche au divin, sujet du film qu'il illustre. Mais contrairement à d'autres OST, belles mais illustratives, Morricone signe une oeuvre à part entière, indépendante du film, et d'une très grande richesse musicale.
Son utilisation de l'orchestre symphonique est absolument merveilleuse. Comme toujours il brille aux cordes, où les thèmes développés par violons, altos, violoncelles et contrebasses sont d'une délicatesse absolument infinie. A cela s'ajoute la beauté mélancolique du hautbois, central, aussi bien dans le film que dans la bande originale. On peut noter aussi l'usage somptueux de choeurs d'enfants et d'une chorale Guarani.
Il n'y a rien à dire de plus : Morricone bouleverse. La foi, la beauté du mystère divin, la rémission, le pardon, l'adoration et la nature, sublime et sauvage, il la tient tout entière dans sa partition. Tout ce que dit le film par l'image, Morricone le dédouble et le surpasse davantage. La bande originale peut être grave, sombre, terrible avant de basculer dans une beauté infinie. C'est en quelque sorte une météo complète : après les orages les plus sombres, les pluies tropicales les plus drues, elle peut signifier subitement les plus sublimes éclaircies et les ciels les plus bleus. Gabriel Oboe, écoutez ce morceau et vous saurez ce que la joie intérieure, ou du moins la plénitude veulent dire.
J'ai redécouvert il y a peu une version dirigée par Morricone en 2003 avec au violoncelle Yo-Yo Ma, qui rejoue deux morceaux célèbres de la bande originale, remplacant notamment le hautbois. Miraculeux.