The Doors
8.3
The Doors

Album de The Doors (1967)

Une Rickenbacker. J’ai longtemps été convaincu que le bassiste des Doors utilisait ce modèle mythique de guitare, au son métallique et cinglant si caractéristique. Et puis, on m’a dit qu’il n’y avait jamais eu de bassiste dans l’effectif officiel . Pourtant, bon sang, j’étais pas fou, ce tempo d’enfer, ce bourdonnement, ces effets de manche…


L’épine dorsale des Doors, c’est un pianiste de formation classique répondant au nom de Raymond Manczarek.
Le son des Doors, c’est ce blond à rouflaquettes et à lunettes d’intello.
Toujours de profil sur scène, il tenait dans sa main droite les accords et les mélodies et dans sa main gauche la rythmique et la basse ; un Fender Rhodes à gauche et un orgue Vox à droite. C’était donc ça le secret : un clavier, un ampli à lampes, un doigté expert … et on peut jouer sans bassiste en faisant croire qu’on en a un !
C’est aussi notre Raymond qui décèlera le génie charismatique d’un copain de fac nommé Jim Morrison et qui lui proposera de créer des chansons ensemble.
C’est également lui qui ira recruter (dans un centre de méditation transcendentale !) les deux fins instrumentistes (John Densmore, batteur de jazz et Robert Krieger, guitariste inventif et original) qui viendront finir de donner corps à ce quatuor majeur de l’histoire du rock .


Sans Ray Manzarek (qui a perdu entre temps - comme vous avez pu le constater - la fin de son prénom et le c au milieu du nom) Jim Morrison serait vraisemblablement resté un simple poète maudit anonyme comme il y en a tant un peu partout.
Au lieu de ça, c’est une rock star qu’il est devenu ; une de ces étoiles filantes, intenses et furtives, qui laissent leurs traces indélébiles dans les yeux, dans les cœurs et dans la terre. Lui, c’est dans celle du Père Lachaise qu’il a fini sa course, le 7 juillet 1971 . Mais les traces indélébiles, on les contracte aux toutes premières notes de ce tout premier opus des Doors, chef d’œuvre absolu où tout est dit en douze morceaux révélateurs.
Les cinq autres disques (et les multiples variantes, extraits de concerts et compilations) qui suivront n’apporteront rien de plus, si ce n’est l’excitation d’un plaisir renouvelé.
Mais la substantifique moelle, elle est présente de A à Z dans The Doors, un des murs porteurs de la maison de tout enfant du rock digne de ce nom.


Malheureusement, l’abondance de l’offre de compilations sur le marché fait que c’est bien souvent par ce biais qu’on se fait une opinion du groupe.
Mais alors là, franchement, s’il n’est pas encore trop tard, ne vous laissez pas influencer : entrez chez les Doors par la grande porte, c’est à dire par cet album là. Parce qu’il est totalement cohérent, riche et représentatif de la légende. Parce qu’il vous permettra de comprendre comment on peut bouleverser le corps et l’esprit avec un son, un tempo, une mélodie, une interprétation ; comment on peut traduire en musique la tension, la haine, l’amour, l’Œdipe, l’acte sexuel et le magique.
Avec précision, acuité et sensualité, cette inégalable alchimie atteint d’entrée le but originel annoncé dans le titre : elle entr’ouvre pour nous les fameuses Portes de la Perception.
C’est Jim Morrison qui regarde et qui nous raconte. Ecoutez. Qu’il s’agisse d’un rêve ou d’un cauchemar, l’expérience sera forcément chargée en émotions, en sensations et en révélations.
Et de façon indélébile, croyez-moi !

RolandCaduf
9
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le 17 avr. 2021

Critique lue 80 fois

2 j'aime

RolandCaduf

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