
Je ne ferai pas dans l'originalité; c'est bien parce que je suis tombé sur le clip de ce fameux morceau, cette éclatante septième piste de l'album, que j'ai eu l'idée d'aller me le procurer pour en tenter l'entière expérience. Black Hole Sun était déjà dans ma playlist de rock alternatif depuis pas mal de temps. Et me dire qu'il y en avait potentiellement plus, des comme ça, ne me fit pas rechigner quand j'alla acheter la galette, qui n'était pas peu coûteuse pour un simple CD.
"M'enfin, il y a 15 pistes et ça semble être Soundgarden à son pic artistique, alors bon.."
Eh bien, ce n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais.
Il est clair que c'est un album... très difficile à digérer. Personnellement je l'aime bien. Mais il m'a fallu du temps et de la patience, voire même faire abstraction de certaines choses pour en apprécier les qualités. Au début j'attendais "Black Hole Sun, l'album". Alors que pas du tout.
Black Hole Sun est un ovni au sein de l'album.
Elle ne commence ni ne finit l'album en beauté, mais est simplement parmi les pistes du milieu de l'album, comme un... pivot? En tout cas elle permet d'éviter les fameux milieux d'album ennuyeux où on serai tentés de tout passer pour aller aux dernières pistes. Idem pour le deuxième single de cet album, qui est un autre bon morceau d'un genre plus direct, Spoonman. On a donc les 2 gros singles clipé en milieu d'album. Ce qui est à saluer! Ce n'est pas ce que j'appelle la facilité! Ceci étant dis l'intro, Drown Me balance suffisamment la violence à elle seule. C'est l'un des très bons morceaux de Superunknown. La performance vocale de Chris Cornell y est assez incroyable. Et globalement, tout les membres font un très bon boulot en terme de composition et d'effort délivré du long de ses 15 pistes. L'album est très très varié en terme de sonorité et de signature rythmiques. On s'éloigne très très souvent du "4 temps à la noire" habituel, pour tomber sur des riffs groovy, rafraichissant, qui se contorsionneraient presque, mais sans tomber dans le complexe pour le sur-complexe.
Quand je parle de variété de son, je parle surtout de comment chaque morceaux est mixé. Il est évident qu'on aura toujours affaire ici à une formation rock "DeuxGuitaresChantBasseBatterie". Mais pour chaque morceau, il semble que l'accent et le volume sonore change de priorité. Un coup le chant sera très en avant, puis les gros riffs de guitares ou alors c'est la batterie qui est à l'honneur... , sur ce morceau-ci les guitares sonnent comme-ci, sur celui-là elle sonnent comme-ça ect... C'est assez plaisant et ça sonne toujours bien. Donc l'effort est récompensé.
Au final, j'aime vraiment beaucoup Superunknown après un peu de digestion. Vraiment je comprend la réputation qu'il y a derrière. Pour moi c'est mérité.
Mais.
Mais je peux comprendre que l'on ne puisse pas y accrocher et/ou qu'on laisse tomber son écoute après un temps, en se disant "nope, je passe à quelque chose d'autre. AuRevoirMerciMaisNonMerci." C'est vrai que j'ai énoncé beaucoup de qualités à l'égard du groupe pour leur version de 1994. Mais je me rend compte que toutes ces dites-qualités citées plus haut dans la critique peuvent toutes autant être utilisé en tant que défaut. L'album est d'une durée qui est de presque 1h15. Et si l'on ne s'y prépare pas on peut, même si l'on accroche, regarder les compteurs de pistes.
J'ai aussi dit que l'album est éclectique. Certe. Mais pas dans le sens strict. Dans les faits, c'est quasiment 1h15 de rock. Il n'y a donc pas cette espèce de sentiment d'unité dans la variété. Pour autant, lors des premières écoutes, j'avais l'impression d'être ballotté d'un endroit à l'autre. Mais pas comme si on écoutait un album volontairement polarisé. Non. Plutôt comme si on écoutait un best-of ou une compil mal fagotée. Genre une compil' Spotify faite à la va-vite, où on n'a pas pris le temps de voir si ça faisait un sens. C'est surement dû aux nombreux différent mix, évoqués tout à l'heure mais ceci a peut-être aussi à voir avec les structure et durées de morceaux qui varient...
Toujours est-il qu'au début on peine à voir une direction à tout ça. C'est vrai que, de prime abord, on a pas cette sensation de "tout" cohérent. De fait, on ne peut pas se permettre de déposer Superunknown à un endroit et de se dire "toi, tu vas là avec les autres de ta catégorie". Il est difficilement catégorizable je trouve. Moi je trouve que c'est ce qui les détache des autres groupes du mouvement grunge et qui fait leur force. Et je trouve que ce "petit chaos" à tout a fait son charme et sa place pour ce groupe et ce type musique. Ce que semble retranscrire un peu la pochette, d'ailleurs.
Maintenant c'est sur que... Bon... On serai tenté de se dire "Pourquoi ne pas avoir gardé les meilleurs morceaux, virés les détours de moins de 2 minutes, comme l'espèce d'interlude bizarre, là Half, et sortir un Superunknown d'une dizaine/douzaines de pistes? Ça aurait été un putain d'album". Oui, c'est encore vrai. Je trouve aussi que tous les morceaux ne se valent pas. Mais pour cet argument je vais faire mon Stan Lee deux secondes. C'est au groupe de fixer quand son album est Fini/Inachevé/Bon/Mauvais. Et on ne peux rien faire contre ça. Si ce n'est donner son avis, évidemment. Mais si Soundgarden a jugé que toutes les pistes étaient importantes, alors elles ont leurs place dans le disque, n'en déplaise à nous tous.
Mais si vous voulez essayer de l'écouter. Si vous aimez le rock, le grunge, le rock alternatif, la musique, si vous avez un peu goûté à leurs compère de Nirvana, d'Alice In Chains et j'en passe, et que vous voulez essayer de plonger dans Soundgarden à travers cette album, alors plonger! Et persévérez, car il est de ces albums peut-être difficile d'accès par rapport aux autres. Mais si vous lui donnez la patience dont il a besoin, je pense que vous ne le regretterez pas.
Vous en ressortirez peut-être avec la voix de Chris Cornell et ses refrains accrocheurs dans la tête. Ou encore les nombreux riffs qui pullulent dans tout "Superunknown" et peut-être les soli atonaux ou les patterns de batterie qui se cambrent ça et là pour tenir tout ce beau monde de ces 1h15 de musique difficile d'abord, mais qui en valent la peine tant l'effort semble honnête et passionné.