Simulation Theory
5.1
Simulation Theory

Album de Muse (2018)

J'avais envie de faire une critique courte qui consistait à écrire uniquement :


"Quand les meilleures chansons de ton album sont les bonus track de ton édition deluxe, il faut te remettre en question."


Puis je me suis dit qu'il fallait peut-être argumenter un petit peu. On parle quand même de Muse, pas du groupe La Femme.
Muse a quand même été ce groupe qui a bercé mon adolescence et que j'écoute encore aujourd'hui, 10 ans plus tard, avec le même plaisir et la même admiration pour ces compositions ingénieuses et la voix unique de Bellamy.


Mais putain de bordel de merde cet album quoi.


Alors certes, ça tente de nouvelles expérimentations, ça vient de regarder les saisons de Stranger Things, c'est cool, on est content pour toi, moi aussi j'adore. Mais vous n'étiez pas obligé de faire ça.


J'ignore pourquoi je m'inflige ce mal d'écouter les albums de Muse à chaque sortie depuis le très mauvais The 2nde Law. Mais force est de constater, qu'à chaque fois, il y a quelque chose qui nous rappelle que non, Muse n'est pas mort (comme certains ne cessent de dire). Dans chacun des derniers albums, il y a une folie, un moment -parfois- de génie qui nous rappelle qu'on a affaire aux types qui ont pondu précédemment Megalomania, Citizen Erased, Apocalyps Please ou Knights of Cydonia... On trouvera dans Animals une montée en puissance intéressante et prenante, dans The Handler un tapping complêtement fou, dans The Globalist une guitare électrique prenante...


Mais est-ce qu'on a encore cette folie dans cet album ?


Ce serait mentir que d'affirmer non. On trouve, dans cette bouillie de chansons indigestes des moments surprenants, comme le pont à la guitare sèche sur cette pâle imitation d'un Prince (le chanteur) de supérette qu'est Propaganda, le riff principal du ridicule Break it to me qui est une sorte de pâle mélange entre Brintey Spears et un très mauvais titre d'Imagine Dragons, ou le solo de guitare sur le plutôt correct Blockades...


Mais ce n'est malheureusement pas assez pour sauver un album du naufrage qu'il symbolise. La plutôt bonne introduction d'album thématique qu'est Algorithm ne rattrapera pas la gêne que provoque la voix de Bellamy sur Propaganda, le correct (mais sans plus) The Dark Side ne sauvera pas la niaiserie faiblarde de Something Human, le plutôt marrant Pressure (dans le style qui s'assume décalé, comme l'était Panic Station avant) ne peut rien faire face au mauvais sous-Madness qu'est Dig Down, et le relativement bon Blockades ne fait pas le poids face à cette énorme merde qu'est Get up and fight. Putain je pensais pas qu'ils pouvaient faire pire que Guiding Light avant de faire Follow Me, avant qu'ils ne fassent Revolt... Ça ne fait qu'empirer d'album en album. J'ai peur pour le prochain album. Je me remets toujours pas de l'horreur absolu que représente cette chanson, tant elle est pauvre au niveau de la composition, des paroles, de la construction, et dans son intégralité.


En somme, cet album est décevant, il n'y a pas grand chose de bon...


Sauf qu'ils ont fait une Edition Deluxe.


Et moi, en bon gros connard, je l'ai écouté.


Et c'est bien là que j'ai constaté que ce Muse "mort" ne l'est pas.


Algorithm (Alternative version) est -même si elle garde certain défauts- grandement meilleure que l'originale, sa contruction est plus cohérente et beaucoup plus prenante, la guitare revient discrètement, mais en force.
The Dark Side (Alternative version) est bien mieux que l'originale également. Cela me rappelle même de la différence entre Hyper Music / Hypercondriac Music, où la première est plus énergique pendant que l'autre se veut plus calme, plus douce, plus pesante. La mission est grandement réussie parce que cette alternative version redonne certaines qualités dont manquaient l'originale, et la guitare est juste et bien amenée.
La version gospel acoustic de Dig Down est culottée, mais montre bien que le risque pris à créer cette version vaut le coût, parce qu'elle donne un charme qui manquait énormément à la première version (qui, je le rappelle, est dégueulasse).
Et surtout, surtout : The Void (Acoustic Version). Cette chanson est incroyable. Piano + Voix de Matthew Bellamy. Juste ça. Et ça marche.
Rien d'autre, une bonne composition, un piano puissant, un pont qui prend aux tripes, et la voix de Bellamy grandiose qui nous rappelle qu'il est capable de donner des émotions par sa simple voix, comme il avait pu le faire avec Ruled By Secrecy.
Juste pour ces quelques secondes où il chante "a star" vers la fin de la chanson... C'était exactement ça que j'attendais.


Quand le groupe prendra du recul sur leurs compositions et qu'un excellent producteur saura réellement les guider, tout ira pour le mieux.
Mais il va falloir encore attendre.

YADIPA
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le 13 nov. 2018

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