Fuck off !

Ma rencontre avec les Clash a débuté il y a déjà fort longtemps, à l'écoute du hit Should I Stay or Should I Go puis la révélation, le génial London Calling. Pourtant et à mes yeux, la carrière du groupe se révèle plutôt inégale capable de proposer le pire comme le meilleur, et Sandinista! est tout à fait à cette image.

Là où London Calling brillait par son éclectisme, tout en gardant une certaine cohérence, une réelle créativité et une véritable ambiance, il y a ici une impression de pot-pourri un peu forcé, où la bande à Joe Strummer se perd entre divers styles et expérimentations. Les Clash, souhaitant se séparer de la maison de disque Columbia, devaient encore fournir trois albums, ce qu'ils tenteront de faire en un seul triple-album, d'où la sensation de remplissage inutile, ce qui est vraiment dommage, le disque aurait pu être tellement mieux s'il avait été vidé des ratages et gardé que le meilleur, comme les groupes ont l'habitude de faire. Du coup on se retrouve avec 36 chansons séparés en 6 faces, allant du rock'n roll au rap en passant par la world music, la soul, le jazz ou encore le dub.

Titre faisant référence au mouvement révolutionnaire sandiniste du Nicaragua, on retrouve toute l'urgence et le côté politique dans les textes de Strummer, à l'image d'une critique contre le soviétisme dans Ivan Meets G.I. Joe, l'Angleterre à travers Something About England ou bien l'évocation de la guerre et du travail dans The Call Up. L'album, et c'est là l'une de ses réussites, dégage une ambiance par moment assez forte avec la sensation de traverser plusieurs époques et courants musicaux, s'éloignant totalement du punk des débuts. En plus d'un Joe Strummer inspiré dans les textes, les musiciens se montrent plutôt en forme, du moins dans les envolées de guitares et basses signées Mick Jones et Paul Simonon, ainsi que pour quelques compositions qui se révéleront être dans les meilleurs du groupe, à l'image de l'ouverture The Magnificent Seven, où la troupe à Strummer puise dans le rap, et son inoubliable ligne de basse.

Après cette ouverture, l'album devient totalement inégal et par moment ennuyant à l'écoute. Si quelques chansons sont de belles réussites, à l'image du brûlot politique Washington Bullet, le reggae Shepherds' Delight, la reprise punk Police on my Back ou encore le frais et entraînant Hitsville U.K., Sandinista! contient aussi bon nombre de titres totalement anecdotiques, voire même mauvais dans certains cas. Du coup, l'album perd peu à peu de son intérêt durant ses 145 minutes, et ce malgré quelques regains, notamment à cause de chansons comme la très moyenne reprise reggae Junco Partner, The Equaliser ou les mauvais The Crooked Beat ou Look Here. L'ambiance se perd peu à peu, le disque étant bien trop long et que trop rarement transcendant, malgré une première face vraiment bonne, le groupe ne fera par la suite plus qu'un album avec ce line-up (le sympathique Combat Rock) puis Topper Headon se fera viré, et Mick Jones partira de lui-même.

On est finalement assez loin du génie créatif entrevu durant London Calling et, malgré des textes forts et une réelle ambition, Sandinista! ne se révèle qu'être un melting-pot musical décevant où quelques pépites surnagent dans un océan souvent anecdotique, et parfois même mauvais...

FACE A :

The Magnificent Seven
Hitsville U.K.
Junco Partner
Ivan Meets G.I. Joe
The Leader
Something About England

FACE B :

Rebel Waltz
Look Here
The Crooked Beat
Somebody Got Murdered
One More Time
One More Dub

FACE C :

Lightning Strikes (Not Once But Twice)
Up In Heaven (Not Only Here)
Corner Soul
Let's Go Crazy
If Music Could Talk
The Sound Of Sinners

FACE D :

Police On My Back
Midnight Log
The Equaliser
The Call Up
Washington Bullets
Broadway

FACE E :

Lose This Skin
Charlie Don't Surf
Mensforth Hill
Junkie Slip
Kingston Advice
The Street Parade

Face F :

Version City
Living In Fame
Silicone On Sapphire
Version Pardner
Career Opportunities
Shepherds' Delight