J’ai attrapé un coup de soleil, un coup d’amour un coup de je t’aime.

[Attention critique très personnelle]


J’ai attrapé un coup de soleil, un coup d’amour un coup de je t’aime. Je dois cette insolation au projet Planetarium. Un album que les fans n’espéraient plus et qui est désormais entre nos mains. Pour être tout à fait honnête, je n’attendais pas du tout ce disque. Je n’étais même pas au courant qu’il sortait ! Pourtant, un concours de circonstances m’a amené à me plonger dans la galaxie dépeinte par ces quatre musiciens de haute volée.


Inutile de vous mentir, c’est grâce à la présence de Sufjan Stevens que je m’y suis intéressé. Je ne connaissais pas non plus les trois autres musiciens de ce groupe éphémère. Quelques explications s’imposent.


En 2012, une sacrée clique part en tournée mondiale pour faire découvrir un projet que personne ne connait encore : Planetarium. Une série de concerts où Sufjan Stevens, Bryce Dessner, Nico Mulhy et James McAlister présentent des morceaux exclusifs autour de la thématique du système solaire. Les lives séduisent le public et deviennent très rapidement mythiques. Depuis, plus rien. Pas de nouvelles, aucun signe de vie d’un quelconque enregistrement live ou studio. Les fans mettent les concerts sur un piédestal, faisant d’eux une sorte de saint Graal assez malsain.


Qui est qui ?


Avant d’aller plus loin dans les détails, il est important de s’arrêter quelques lignes sur les musiciens qui se cachent derrière ce disque mystique. La tête d’affiche n’est ni plus ni moins que Sufjan Stevens, musicien folk/indé/hipster qui a su en énerver plus d’un pendant sa carrière, mais qui a toujours su rester juste dans ses propositions musicales. Bidouilleur et songrwriter de grand talent, le multi-instrumentiste à la voix d’ange n’a plus grand chose à prouver. Il est accompagné du guitariste de The National, Bryce Desner ainsi que de Nico Mulhy à l’orchestration. Ce dernier ayant collaboré avec Björk et Philip Glass durant sa carrière, rien que ça. Le dernier membre de la bande est le batteur James McAlister, un gringo que je ne connais pas du tout (désolé).


Avant de partir en voyage.


Maintenant que les présentations sont faîtes, passons aux choses sérieuses ! C’est avec Carrie and Lowell, sorti en 2015, que j’ai pour la première fois posé une oreille sur la musique de Sufjan Stevens. Sans m’obséder, l’album m’était paru très touchant. Ce n’est que deux ans plus tard, en 2017, à l’occasion de la sortie du live de l’album que j’ai finalement été totalement conquis. Quelques mois plus tard arrivait Planetarium et tout son historique, sa légende.


Planetarium est un sublime voyage au cœur de la galaxie. Chaque morceau porte le nom d’une planète ou d’un élément de notre système solaire. Le projet parait ambitieux, mais il n’a pas de quoi faire trembler Sufjan Stevens qui avait l’intention de composer un album pour chacun des 50 états américains. Aux premiers abords, il y a de quoi avoir peur. 1h16 de musique folk/electro/orchestrale/j’en passe des vertes et des pas mures. C’est pourtant là le génie de ce disque : mêler de multiples horizons musicaux tout en gardant une identité musicale forte.


Touché en plein cœur.


Il ne m’a pas fallu bien longtemps pour comprendre que j’étais entrain d’écouter un disque qui allait me marquer profondément. L’aventure Planetarium débute de la plus belle des manières avec « Neptune » qui suspend instantanément le temps et nous fait léviter en apesanteur en un rien de temps. La voix de Sujfan Stevens est bouleversante et l’orchestration nous achève sur la fin du morceau. Un sans faute. Et là, d’un coup, « Jupiter » emboîte le pas. Impossible d’être préparé à recevoir une telle claque. Le titre commence tranquillement et petit à petit, la production devient de plus en plus riche et complexe. Pour finir sur un mélange de musique électronique et de musique orchestrale d’une puissance des plus marquantes. D’une beauté sans nom.


Il ne m’en fallait pas plus pour être ébahi devant ce qui se trouvait devant moi. L’impression d’écouter la plus délicate, au niveau du A Moon Shaped Pool de Radiohead. Deux morceaux ont suffit à me faire comprendre que Planetarium était en train de devenir un album auquel j’allais vouloir m’accrocher pendant un bon bout de temps.


Bien évidemment, l’épopée stellaire ne se limite à ses deux premiers morceaux. On navigue constamment entre musique ambiante, folk, electro et vocodeur. Un voyage qui part dans tous les sens, mais qui arrive pourtant à créer une étonnante cohérence. On lâche une larme sur le sublime « Mercury » alors que l’on dansait sur « Saturn » quelques minutes plus tôt. Un torrent d’émotions qui m’a rendu admiratif.


Libre appréciation.


Bien qu’ayant pour thème principal celui de l’espace et de son immensité, Planetarium semble voyager bien plus loin que ces considérations cosmiques. Certains pensent que l’album traite des divinités grecques, et ils n’ont pas forcement tort. Personnellement, je pense que ce disque va encore plus loin que le simple double sens. J’ai réellement eu l’impression que les quatre musiciens avaient composé la bande son d’une vie. Joie, crainte, infinie tristesse, rêverie, solitude, euphorie, réflexion, cet album trouvera toujours écho dans toutes les périodes de notre existence.


Peu importe la réelle signification de cet acte de génie, il nous parle. Certains, ressentiront très certainement des sensations différentes. C’est exactement cette capacité d’appropriation par ses auditeurs qui fait de ce disque un projet grandiose et excitant. Il s’agit là de la marque des grands albums.


Je n’irai pas plus loin dans cette critique. J’en ai déjà beaucoup trop fait. Je n’écris pas ses lignes pour vous convaincre des qualités de cet album. Comme vous avez pu le constater, il ne s’agit même pas d’une analyse objective. Il s’agit simplement de mon analyse, mon ressenti, mon expérience.


On a beau étudier la musique de fond en comble et décortiquer les courants musicaux dans tous les sens, il n’y a pas meilleurs experts que nos sentiments et nos sensations. Planetarium m’a subjugué, tout simplement. Il m’était tout simplement impossible de parler de ce disque tout en essayant de garder la froideur que nécessite l’objectivité. La musique est un art qui se vit alors vivons le ! Crions sur les toits le nom des musiciens qui font battre nos cœurs. Même si c’est Jul.

Valentin_Lalbia
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le 11 juin 2017

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