Macron, au pied !

Depuis peu, j’ai pris un clébard. C’est un bon gros bâtard, il pue de la gueule et puis, un jour sur deux, voire plus, c’est une grosse tête de con.
Quand j’y pense, on se ressemble vachement.
On est tellement proches qu’on croirait qu’on est frangins.
Regarde un exemple : comme moi, il aime les vieilles, donc, ni une, ni deux, je l’ai appelé Macron.
J’allais pas l’appeler Junior.
Des fois on se balade, lui dodelinant de la queue, la truffe dans la rigole et moi, le nez en l'air, dandinant du fion, ou inversement.
L’air de rien, il s’arrête pour renifler une flaque de pisse puis il lève les yeux. Il me regarde comme si j’étais le ciel ou que sais-je, dans un éclair de lucidité canine, une manière de Dieu et, là, à cet instant, je sais qu’il me parle.
Dommage que je jacte pas la langue.

Siffle

Sinon, on chante ensemble car, lui comme moi, on tuerait notre mère pour un cantique qui tabasse sa race alors, il n’est pas rare qu’on y aille de notre interprétation de Scarborough Fair.
Je prends ma guitare, je balance quelques arpèges pleins de feeling, la voix de miel et, lui, fatalement, il fait Garfunkel sauf qu’il la chante en kabyle.
Tu me croiras si tu veux, on dirait la personne.

Siffle

Macron n’est pas très obéissant, ce connard fugue régulièrement mais il revient toujours.

Il fait son indépendant alors qu’il n’a pas un échantillon en magasin, il saurait pas ouvrir sa boîte à pâtée sans mon expertise. Et je le vois mal faire sa raie sur le côté, celle qui cache sa calvitie naissante, celle qui le rend présentable, sans moi…
Il revient toujours, tout crotté, les côtes saillantes de même pas savoir utiliser un ouvre-boîte et moi, le coeur sur le main, j’l’engueule même plus.
Il parle pas la langue.
Je le lave, le brosse, je le fais becter.

Mais là, il est pas revenu. Ça fait un bout.
J’espère qu’il s’est pas fait shooter par une caisse, ce con…
Et son souffle ultime, le museau dans le caniveau.
Non, jamais ! Pas Macron !
J’préfère imaginer qu’il a croisé une de ses congénères, une savante aux moustaches blanches, une qu’aurait du chien.
Et lui en bon clebs d’la casse qui se respecte, n’écoutant que sa bistouquette, il s’est laissé mettre en laisse.
Et moi, moi , il m’a relégué au grenier comme une putain de relique.

Depuis qu’il est parti, par mimétisme sans doute, je me surprends à faire comme lui, quand c’est trop humide, je m’arrête pour renifler.
Pis j’lève les yeux et je regarde en l’air.

Le ciel, ordure, s’obstine à ressasser ma mélancolie, il me manque, ce con et moi, de dépit, je remise au clou rouillé ce qui reste de mon orgueil, et au fil de mes larmes, je me noie dans l'onde de mon chagrin…

Tu manques, Macron, au pied !

Siffle