Overgrown
7.2
Overgrown

Album de James Blake (2013)

Lorsque que James Blake, jeune prodige de 22 ans, débarque avec son premier album en 2011, le garçon originaire de Londres aura décontenancé plus d’un amateur de ses débuts dans la musique post-dubstep. Avant de devenir ce chanteur néo-soul, il est important de préciser que James Blake s’était donc fait remarquer par de brillants EP plus ou moins éloignés du registre dans lequel il évolue dorénavant. Avec son premier album, il divisait déjà ses fans mais il fallait reconnaitre qu’il avait réussi avec son premier format à trouver un style propre. Une sorte d’Antony & The Johnsons futuriste mais qui avait de quoi décevoir ses premiers auditeurs.

Deux ans après sa sortie et malgré un accueil enthousiaste ici, on espérait avec cette suite un bouleversement dans son écriture et pourquoi pas, le voir retourner à ses origines, celle de la musique électronique. Un des principaux challenges pour ces artistes qui réussissent à trouver un style si unique, c’est aussi de s’en détacher à temps au risque de lasser l’auditeur en quête de nouveauté et qui cherche sans cesse à être surpris. On pense une nouvelle fois à Antony Hegarty qui, après avoir étonné son monde, s’est retrouvé enfermé dans un genre qui n’intéresse plus que lui. A l’écoute de Swanlights, son dernier album en date, il faut croire qu’il est condamné à répéter inlassablement les mêmes schémas que I Am a Bird Now, forcément en moins bien.

Lorsque James Blake dévoile Retrograde, le premier single d’Overgrown, on est donc circonspect. Le londonien annonce la couleur, ce deuxième album sera la suite logique du premier. Basé sur un piano, il nous dévoile une ballade soul qui nous sort de notre torpeur seulement lorsque les plages de synthés agressives viennent bouleverser une chanson trop sage. Avant même l’écoute du disque, on a finalement notre avis, on va adorer détester Overgrown.

Seulement, dès l’ouverture, Blake ébranle nos certitudes avec cette complainte délicate qui pourtant ne bouleverse en rien son écriture. Le titre Overgrown arrive tout simplement à trouver un équilibre entre la ballade piano et ses expérimentations électro. Les basses ainsi que les synthés sont savamment dosés afin de faire décoller sa composition sans paraitre forcée ou boursouflée.

Bien que l’on soit déjà sous le charme, le jeune homme enfonce le clou avec Life Round Here qui laisse son versant électro prendre les devants bien que la chanson reste dans une ambiance mélancolique et basé sur un rythme très lent. C’est à ce moment que l’album décolle réellement et où Blake va nous mener de surprise en surprise sans jamais renier les bases de son premier disque. Entre un featuring très classe avec RZA ou les transes électroniques de Digital Lion (co-écrit avec Brian Eno) et Voyeur, Blake varie les plaisirs. Il se permet de sortir de son cadre devenu trop petit pour lui. Il divague dans ses expérimentations en nous embarquant avec lui. En cela on regrette la présence de quelques titres plus classiques tels que DLM ou Our Love Comes Back qui possèdent toutefois une beauté indéniable.

Ce deuxième album montre un James Blake moins chétif et plus assuré. Bien que très léché, il ne cache plus sa voix sous d’innombrables effets auto-tune. Cette maturité se retrouve aussi dans sa musique qui n’hésite pas à prendre plus de risque en donnant plus de souffle à ses ballades qui s’emportent bien plus que par le passé. On ne sait pas vraiment combien de temps il réussira à signer des disques d’une telle qualité sans révolutionner ses fondements tant il arrive à nous surprendre avec si peu d’éléments nouveaux. Une chose est sûre, James Blake passe le cap du deuxième album avec une classe et une aisance indéniable.

Son premier disque était quelque part la bande sonore d’une jeunesse morne et déshumanisée. Avec Overgrown, ce sont avant tout les sentiments qui parlent, ceux d’un garçon d’une étonnante maturité, d’un garçon qui, du haut de ses 24 ans, démontre qu’il est un artiste pleinement accompli.
Panda-Panda
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le 9 avr. 2013

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