12 novembre 2017


Après deux albums plus jazzy, Frank Zappa revient vers un format plus pop(ulaire) avec des chansons plutôt courtes et directes aux accents funk, jazz et rock mêlés ... les arrangements étant toujours aussi percutants.


Les Ikettes et Tina Turner sont présentes dans les choeurs de manière efficace, mais ne seront pas créditées sur la pochette suite à la demande de Ike Turner qui n'approuvait pas le contenu des morceaux.


Il faut dire que ce contenu est plutôt surréaliste avec cette histoire de cowboy et de plantation de fil dentaire sur le morceau "Montana", quand il il n'est pas explicitement sexuel sur la plupart des autres.


En tout cas, cet album élargira considérablement l'audience de ses fans, et ce, de manière définitive.


15 septembre 2021


Après l'échec commercial de ses deux précédents disques de jazz fusion "Waka/Jawaka" et "The Grand Wazoo", FZ décide de se tourner vers une musique plus accessible. Les morceaux seront plus courts, plutôt funky et pop, tout en nous réservant quelques surprises. Concernant les paroles, elles valent la peine d'être traduites, car il a vraiment fait un effort particulier pour nous pondre des textes truculents. Il obtiendra avec ce disque son premier disque d'or, faisant de lui un musicien-culte.


Face A
1. Camarillo Brillo : il commence par une chanson au contenu sexuel explicite : "Comme je suis né Pour l’aventure Je l’ai suivie dans l’escalier Ses castagnettes pendaient au mur Son encens partout schlinguait Elle retira son poncho rance Et nue s’allongea près d’ l’entrée On le fit jusqu’à l’inconscience A n’ plus pouvoir en profiter"
Zappa joue au début sur la double signification de Brillo, bloc de savon qu'Andy Warhol a représenté sous forme de sculpture en carton : https://images-eu.ssl-images-amazon.com/images/I/61ZeUjPSSVL.__AC_SX300_SY300_QL70_ML2_.jpg, mais qui peut aussi signifier une coiffure afro et est aussi l'argot pour le sexe féminin.
Musicalement, on a une chanson où la guitare vient régulièrement titiller la mélodie, les saxophones venant se dérouler avec langueur vers la seconde moitié de la chanson, qui se termine au piano.
2. I'm the Slime : la seconde chanson sortira en single, avec un mix légèrement différent, et dénonce le pouvoir des médias, la télévision en particulier, sur notre esprit : "Je te fais croire que je suis délicieux Grace aux choses que je dis Je suis ce que tu peux avoir de mieux As-tu bien compris ce que je suis ? Je suis la fange qui s'écoule Hors de ton poste de télévision."
FZ y chante sur un rythme langoureux, tandis que les choeurs sont assurés par Tina Turner et les Ikettes.
3. Dirty Love : FZ avait une fascination pour l'humour paillard : "J'ignorerai ton parfum vulgaire Et ton diplôme de petite aguicheuse Je vais juste te mettre dans le coma Avec de l'amour sale."
C'est probablement en écoutant cette chanson que Ike Turner demanda à ce que les Ikettes ne soient pas créditées sur la pochette du disque.
4. Fifty/Fifty : il se moque ouvertement des chansons de variété qui n'ont rien à dire : "Je vous ai pris de votre temps Je vous ai chanté ma chanson C'est pas une grosse révélation Mais ça n'a pas duré trop longtemps."
On y entends un beau passage efficace de Jean-Luc Ponty au violon, un furieux solo de guitare de FZ et la voix déchaînée de Ricky Lancelotti.
Face B
5. Zomby Woof : les paroles de la chanson reflètent l’obsession de Zappa pour les films d’horreur clichés des années 50, en particulier les films de zombies.
On y retrouve avec plaisir le chant furieux de Ricky Lancelotti et les choeurs des Ikettes, - que l'on retrouvera tout au long de la face B - le tout dans un cocktail explosif mélangeant sans complexes heavy metal et pop électronique.
6. Dinah-Moe Humm : encore plus salace que les deux chansons paillardes précédentes, celle-ci décrit une femme qui parie que le narrateur ne peut pas lui donner un orgasme et est finalement excitée en le regardant avoir des relations sexuelles avec sa sœur : "Je m' en foutais qu'elle me traite d'étron Parce que j'étais certain qu'elle allait jouir (alors je m'y suis mis) J'ai fait claquer son soutif et durcit mon pouce Et appliqué une rotation sur sa dragée en sucre J'ai fourragé et combattu jusqu'à ce que je ne sente plus mon poignet Mais à aucun moment n'ai entendu de Dinah-Moe les gémissements."
7. Montana : morceau paru en face B du single "I'm the Slime", dans une version légèrement remixée, cette chanson est une des compositions les plus célèbres de FZ. Les paroles, chantées par Zappa d'une manière humoristique, parlent d'une personne qui décide d'aller au Montana pour faire pousser "une récolte de fil dentaire", montant un poney nommé "Mighty Little". Il rêve de devenir un magnat du fil dentaire, en le commercialisant. Les versets sont remplis d'une prononciation pseudo-ranch et sont destinés à être très légers.


P.S. : Je vous renvoie vers trois sites qui traduisent les paroles de quelques chansons emblématiques de FZ :
http://zapinfrance.free.fr/pages2E/Sunvilla.html
http://www.fredunzel.com/wollbur/
http://www.rocktranslation.fr/search/frank%20zappa/

PiotrAakoun

Écrit par

Critique lue 698 fois

17
3

D'autres avis sur Over‐Nite Sensation

Over‐Nite Sensation
RockNadir
10

Dans la “slime” qui coule de la télé donne moi ton amour sale de la musique, ”magic” Zappa

Le coup de foudre sur l'album le plus commercial de Zappa, le premier du maître dans cette direction. Zappa est né pour l'aventure comme il le chante sur Camarillo Brillo. Et nous le suivons dans...

le 1 mars 2023

4 j'aime

13

Over‐Nite Sensation
XavierChan
8

Critique de Over‐Nite Sensation par XavierChan

Over-Nite Sensation, du haut de toute son humilité, c'est le vilain petit canard graveleux et groovy du chef d'oeuvre bavard de Zappa, Apostrophe. Comme si Lou Reed était venu apporter la came (la...

le 16 août 2020

4 j'aime

Du même critique

Paris, Texas
PiotrAakoun
10

Critique de Paris, Texas par PiotrAakoun

Ce film représente quelque chose de très particulier pour moi ... je l'ai vu à sa sortie en salles en 1984 et il m'a directement interpellé, je n'avais que 22 ans à l'époque et je ne pense pas que...

le 25 janv. 2015

55 j'aime

20

Voyage au bout de l'enfer
PiotrAakoun
8

Critique de Voyage au bout de l'enfer par PiotrAakoun

Film très ancré dans son époque et surtout très américain dans sa conception, il présente à mes yeux autant de qualités que de défauts. Il peut autant plaire ou agacer pour les mêmes raisons. Le...

le 3 févr. 2013

47 j'aime

20

Barberousse
PiotrAakoun
9

Critique de Barberousse par PiotrAakoun

J'ai pris beaucoup de plaisir à revoir ce chef d'oeuvre de Kurosawa en tentant d'analyser tout ce qui m'a plu ... D'abord du point de vue esthétique, les cadrages sont par moments géniaux : à ras du...

le 3 mars 2013

39 j'aime

4